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OEuvres poétiques

• 1555•

- J.B.

L’AUTEURE. Née un siècle et demi après la première femme de lettres de langue française, Christine de Pisan, Louise Labé (1524-1566) tirait son surnom, « la Belle Cordière », de la profession de son père, puis de son mari. Membre de l’école de Lyon, disciple de Maurice Scève, la jeune femme était également contempora­ine de Du Bellay et de Ronsard. Féministe avant l’heure, elle était aussi cavalière émérite, friande de joutes armées et d’habits masculins. Lectrice du grec et du latin, héritière d’Ovide, de Pétrarque et d’Erasme, Louise Labé rédigea son oeuvre entre 1545 et 1555, rencontran­t à sa parution un fort succès au point d’être trois fois rééditée l’année suivante. La peste frappe Lyon en 1564, décimant son entourage, avant qu’ellemême ne s’éteigne deux ans plus tard, à Parcieux-en-Dombes.

LE LIVRE.

Parues en 1555 grâce à un privilège royal, les oeuvres de Louise Labé réunissent un Débat de folie et d’amour, trois élégies et vingt-quatre sonnets. Ceux-ci, nourris notamment de ses amours avec Olivier de Magny, exaltent les tourments féminins de la passion : « Tout en un coup je ris et je larmoie, Et en plaisir maint grief tourment j’endure; Mon bien s’en va, et à jamais il dure; Tout en un coup je sèche et je verdoie. » (sonnet VIII)

L’ÉLOGE DU DÉSIR.

L’oeuvre de Louise Labé est aussi mince (662 vers) que fulgurante. Car elle célèbre dans une même étreinte la langue française naissante et la sensualité féminine, la formalité poétique et le tourbillon des passions. Plus encore que ses contempora­ins masculins, Labé a ouvert ainsi la voie à une littératur­e du corps, qui n’esquive ni le mot ni la chose, pour dire la douleur et le désir. En témoigne cet extrait du sonnet XVIII : « Baise m’encor, rebaise-moi et baise ; Donne m’en un de tes plus savoureux, Donne m’en un de tes plus amoureux : Je t’en rendrai quatre plus chauds que braise. »

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