La Princesse de Clèves
• 1678•
L’AUTEURE.
Héritière de la petite noblesse, proche du cardinal de Richelieu, Marie-Madeleine de La Fayette commença sa vie publique comme dame d’honneur d’Anne d’Autriche avant de se lier d’amitié avec La Rochefoucauld, Madeleine de Scudéry et la marquise de Sévigné. Ayant acquis une fortune considérable par son mariage, cette femme lettrée se fit un nom à la cour et ouvrit bientôt son propre salon. En 1662, elle fit paraître anonymement La Princesse de Montpensier, puis Zaïde en 1669, et enfin La Princesse de Clèves en 1678. Marquée par la mort de La Rochefoucauld, elle se retira par la suite de la vie mondaine et s’éteignit quelques années plus tard, en 1693, à Paris.
LE LIVRE.
Oublions pour un temps les polémiques suscitées par un ancien président de la République et revenons au roman lui-même. Situé en 1558, sous le règne de Henri II, La Princesse de Clèves suit le parcours sentimental de l’ingénue Mlle de Chartres : mariée à son arrivée à la cour à un homme pour qui elle n’éprouve que peu de sentiments, cette jeune femme s’éprend en revanche follement du gracieux duc de Nemours, ce « chef-d’oeuvre de la nature ». Mais le devoir le dispute bientôt à la passion, la raison aux sentiments, et les péripéties romanesques ne manqueront pas de mettre cruellement à l’épreuve les deux amants…
LE MODÈLE AMOUREUX.
Formidable succès d’édition pour l’époque, La Princesse de Clèves suscita de nombreuses controverses, sur l’identité de son auteur comme sur ses interrogations sur l’amour et la fidélité. Mais le roman marqua surtout un tournant dans l’histoire littéraire : rejetant les invraisemblables romances de l’époque (songeons à L’Astrée et ses cinq mille pages), l’oeuvre de Mme de La Fayette privilégie l’analyse psychologique des personnages, la modernité des situations, l’authenticité de l’action. Autour de l’héroïne, l’auteure explore ainsi le spectre des sentiments humains (désir, jalousie, douleur, frustration…) et érige l’adolescente en modèle de toutes les amoureuses à venir, qu’elles cèdent ou non au feu qui les consume.