Les Hauts de Hurlevent
• 1847•
L’AUTEURE.
D’une timidité maladive, souffrant de grandes difficultés sociales et de violents troubles de l’humeur, Emily est la plus sauvage des soeurs Brontë. Certains biographes se sont récemment avancés à lui diagnostiquer une forme d’autisme proche du syndrome d’Asperger. Marquée par la mort prématurée de sa mère et de deux de ses soeurs, Emily passe toute sa vie à Haworth, un petit village reculé du Yorkshire qui inspirera le décor de son unique roman. Réfugiée dans le monde de la fiction, elle exerce sa plume dès l’enfance lors de jeux d’écriture auxquels elle s’adonne avec son frère et ses soeurs, et qui révèlent très tôt ses talents de poète. Recluse dans le presbytère de son père pasteur, elle meurt à 30 ans de la tuberculose, un an après avoir publié son chef-d’oeuvre.
LE LIVRE.
Pour Georges Bataille, c’est « le plus beau roman d’amour de tous les temps ». Rien que ça! Récit du déchaînement des passions destructrices, Les Hauts de Hurlevent est l’histoire d’un amour exceptionnel et platonique, celui qui lia une enfant bien née (Catherine) et un bohémien trouvé dans la rue (Heathcliff). Elevés ensemble dans la même maison du village de Hurlevent, ils voient leur relation s’interrompre lorsque la jeune Catherine choisit d’épouser un riche notable de la région. Le souvenir de leur enfance commune devient un paradis perdu dont ils n’arrivent pas à faire le deuil. Entre érotisme sublimé et pulsion de mort, Emily Brontë met l’intransigeance de la liberté face à la noirceur de l’esprit humain.
LE DÉFI AUX NORMES SOCIALES.
Accusé d’être grossier et pervers, le roman, publié en 1847 sous pseudonyme, suscite le scandale. S’en prenant à tout ce qui est intouchable dans l’Angleterre puritaine du XIXe siècle, il fait effrontément bouger les règles sociales. « La littérature, Madame, n’est pas une affaire de femmes », commenta à l’époque un lecteur choqué par tant d’audace. La reconnaissance viendra grâce à Virginia Woolf qui louera l’ambition, la hardiesse et le génie de sa compatriote : « Regardant vers un monde divisé en un gigantesque désordre, Emily Brontë sentit en elle le pouvoir de l’unir en un livre. »