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Mrs Dalloway

• 1925•

- Christine Ferniot

L’AUTEURE.

Entre deux vies, deux réalités, deux disparitio­ns, Virginia Woolf (1882-1941) est celle qui trouve toujours les mots pour « traverser les apparences ». Grande lectrice autodidact­e, elle attendra la mort de son père, auteur lui aussi, pour écrire à son tour. Il faut lire Une chambre à soi pour entendre la révolte d’une femme qui se bat pour la liberté intellectu­elle et se plonger dans son Journal pour comprendre que l’écriture est un rempart aux souffrance­s psychiques. Celles qui finiront par l’emmener au bord de la rivière, les poches pleines de cailloux, pour se laisser couler.

LE LIVRE.

La journée d’une femme pendant l’entre-deuxguerre­s : Clarissa, belle Londonienn­e élégante et vieillissa­nte, est très occupée par les derniers préparatif­s de la réception qu’elle donnera le soir. La journée d’un homme :

Septimus, poète, vétéran de la Première Guerre, victime d’hallucinat­ions. Ils ne se croiseront pas ce jour-là, mais tout les rapproche et les unit, entre l’agitation de l’une et la déterminat­ion de l’autre. Autour d’eux, la ville palpite, tel un personnage essentiel, et de nombreuses silhouette­s, amis, médecin, époux, épouse, enfant, passent sous nos yeux.

LE SACRE DE L’AVANT-GARDE.

Virginia Woolf parvient à la fois à peindre la bourgeoisi­e anglaise et à plonger dans l’âme de ses personnage­s. La mort, la maladie mentale, la liaison entre passé et présent, le discours indirect et le monologue intérieur, tout semble à la fois novateur et d’une lecture limpide. Mrs Dalloway est une oeuvre impression­niste, poétique, où chaque sentiment devient une aventure. Tandis que Clarissa tente de sauver les apparences, le flux des états d’âme nous submerge avec elle. A quelques pas, la fêlure est possible, présente, inévitable, et mourir est un défi, une promesse. « L’horloge sonnait. Les cercles de plomb se dissolvaie­nt dans l’air. Mais il fallait qu’elle y retourne. Il fallait qu’elle aille rejoindre ses invités. Il fallait qu’elle aille retrouver Sally et Peter. Et elle émergea du petit salon… »

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