Aux Cinq Rues, Lima
LE LIVRE Mario Vargas Llosa a toujours été un acteur engagé de la vie politique de son pays. Candidat libéral à l’élection présidentielle péruvienne en 1990, il avait alors été sévèrement battu par Alberto Fujimori. Son nouveau roman, Aux
Cinq Rues, Lima, se déroule justement dans le Pérou des années 1990. A Lima, où il faut respecter le couvre-feu et composer avec les coupures de courant. Avec les attentats et les enlèvements du Sentier lumineux et du Mouvement révolutionnaire Tupac Amaru. La ville est comme divisée en deux à plusieurs niveaux. On y trouve des quartiers huppés sur les hauteurs, mais aussi le carrefour labyrinthique des Cinq Rues. Un ancien lieu de bohème désormais mal famé. Le romancier se montre à son meilleur en confrontant les représentants de l’élite et du peuple. En réussissant une intrigue policière et un portrait de la société. On lira là le récit des étreintes fougueuses de Chabela et de Marisa. La première est l’épouse du riche ingénieur Enrique Cárdenas, la seconde celle de l’avocat Luciano Casasbellas. Au générique, voici aussi Rolando Garro, le patron de l’hebdomadaire à scandale Strip- tease qui emploie Julieta Leguizamón, la Riquiqui, toujours prête à fouiller dans les secrets honteux des gens. Ou encore le Docteur, le seigneur et maître de Lima. Un ancien militaire devenu avocat des narcotrafiquants puis chef du service du renseignement du président Fujimori… Il sera question de scandale, de déchéance, de liberté et de rachat. Mario Vargas Llosa mène son affaire avec doigté. Le lecteur, lui, savoure chaque page d’une comédie de moeurs moins légère qu’il n’y paraît.