Fin limier
Gaspard a deux métiers : vendeur de souvenirs pour les touristes et renifleur d’aisselles pour tester l’efficacité des déodorants. Dès la première phrase d’Un détective très très très spécial – le premier roman jeunesse de Romain Puértolas ( L’Extraordinaire Voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea) – ce personnage apparaît dans toute sa singularité. Il observe le monde qui l’entoure avec une justesse désarmante (il se demande si les Chinois sont conscients que les souvenirs qu’ils achètent sont fabriqués chez eux) et nous le raconte à sa façon: Gaspard est trisomique. Son quotidien semble réglé entre ses deux métiers et sa vie avec ses parents.
Mais badaboum! De façon assez gaguesque, Gaspard perd ses deux emplois. Volontaire, il décide alors de devenir détective. Le voici missionné par un « vrai » professionnel pour se faire interner dans une maison pour personnes handicapées et enquêter in situ sur une mort suspecte. La lecture de ce drôle de texte demeure déroutante jusqu’à la fin : Gaspard est attachant et l’on se demande où l’auteur nous emmène. Ce roman est à mettre entre les mains des jeunes lecteurs car il n’est pas si fréquent en littérature jeunesse d’avoir un si bel effet de chute. Comme à son habitude, la narration de Romain Puértolas est efficace. Ses lecteurs retrouveront même quelques clins d’oeil. Il aime décidément beaucoup l’enseigne suédoise… R.B.