TROIS RAISONS DE LIRE BAKHITA
UN PERSONNAGE HISTORIQUE ET MÉCONNU
Née en 1869 au Soudan, la petite Bakhita fut enlevée par des trafiquants d’esclaves à l’âge de 7 ans. Souvent fouettée et revendue cinq fois, la fillette fut finalement « acquise » par le consul d’Italie, qui l’emmena avec lui en Europe. Là-bas, elle trouva refuge dans la religion catholique et, devenue soeur, consacra sa vie aux enfants des rues. Morte en 1947, cette femme dévouée fut canonisée par le pape Jean-Paul II, le 1er octobre 2000.
UNE COMPOSITION À LA HAUTEUR DU DÉFI
Le traumatisme fut tel que Bakhita oublia le nom que lui donnèrent ses premiers geôliers – qui signifie, sombre ironie, « la chanceuse ». Se basant sur les écrits bien réels de son héroïne, Véronique Olmi dépasse ici la biographie romancée au profit d’une oeuvre bien plus large sur le retentissement de cette sainte. La narration au présent met en valeur tout le courage de cette femme, l’aspect tragique de son extraordinaire destin et son obsession à vouloir terrasser la violence des hommes.
UNE ROMANCIÈRE FASCINÉE PAR SON PERSONNAGE
« De l’esclavage à la liberté » et « De la liberté à la sainteté » sont les titres des deux parties, ô combien emblématiques, de ce très bel ouvrage – justement salué par le Prix du roman Fnac. Si l’attraction de l’auteure pour son sujet transparaît sur chaque page, celle-ci est aussi parvenue à dépeindre cette Europe étrange où Bakhita s’émancipe. Celle qui abandonne l’esclavagisme, mais demeure colonialiste. Hubert Artus