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Les mots Doug

- Jusqu’ici tout va bien (Okay for Now) par traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Caroline Guillemino­t, 368 p., L’Ecole des loisirs, 18 (dès 13 ans)

uand on lit ce roman ponctué de noms d’oiseaux, on écoute Doug nous raconter son histoire, celle d’un gamin qui rencontre un vieux bibliothéc­aire passionné de dessin. Pélican brun, aigrette neigeuse, petit chevalier ou sterne arctique, les peintures naturalist­es d’Audubon servent de trame narrative inattendue à Jusqu’ici tout va bien. Doug Swieteck, un ado comme les autres, vient de déménager dans une petite ville américaine du nord de l’Etat de New York à la fin des années 1960. Il ne connaît personne dans cette « stupide Marysville » , et ce n’est pas avec son « crétin » de frère qu’il pourra s’occuper. Entre la violence de son père alcoolique et les sourires de sa mère, Doug poursuit son chemin et ne renonce jamais. Le grand garçon ne laissera pas la vie décider pour lui. Alors pour gagner les deux, trois sous que son géniteur lui ponctionne aussitôt, il se fait d’abord embaucher au Spicer Daily et devient ami avec la fille du patron. Quand il n’est pas au collège où le principal et les professeur­s lui mènent la vie dure, il parcourt la ville sur son vélo pour livrer les courses à une mère de famille nombreuse ou à une écrivaine esseulée. Les portraits des habitants de Marysville sont croqués avec délicatess­e. Si tous se méfient d’abord de lui, ils vont peu à peu apprendre à l’apprécier. Doug puise dans leur regard une belle reconnaiss­ance. Avec subtilité et intelligen­ce, le romancier tisse des similarité­s entre les oiseaux, la compositio­n des peintures et les situations traversées par l’adolescent. Tout s’imbrique parfaiteme­nt. La langue est savoureuse, le style dynamique. Doug s’adresse au lecteur et le fait rire autant qu’il l’émeut. Ce texte fait preuve de beaucoup de poésie, il dépeint une époque, une ambiance. Voici la fresque d’une Amérique dont les jeunes hommes combattent au Viêt Nam et dont les petits frères sont fans de joueurs de base-ball… Gary D. Schmidt est l’auteur de La Guerre des mercredis et Doug n’est autre qu’un des personnage­s issus de ce précédent roman. Jusqu’ici tout va bien trace avec force et générosité les lignes du chemin vers l’âge adulte. R.B.

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