L
es douze derniers mois ont vu la fièvre politicienne – de Gaulle aurait dit : « politichienne » – atteindre des sommets vertigineux, au-delà des limites du raisonnable. A présent il y a comme une sensation de grand vide. On en éprouverait même une véritable dépression. Les auteurs redoutent donc d’accabler les lecteurs avec de belles promesses ou des couplets d’autosatisfaction, l’heure n’étant plus à la pêche aux voix.
Fameux exégètes de l’Elysée, de ses hôtes et de ses drames, Patrice Duhamel et Jacques Santamaria se sont penchés – Dieu merci ! sans trop d’affliction – sur ces hommes politiques que la République n’a pas su retenir, les renvoyant à leurs pantoufles. Ne nous apitoyons pas : ces mêmes politiques, du temps de leurs sublimes espérances, disaient d’une voix de philosophe : « Il n’y a pas que la politique dans la vie. » Nos deux auteurs font observer que, du général de Gaulle à François Fillon, l’élection présidentielle à la française a connu beaucoup plus d’éclopés que de vainqueurs : « Le défaut des hommes (et femmes) politiques est de ne pas savoir se préparer à ce jour où le pouvoir les quittera. Mais au fond, ajoutent-ils, n’en est-il pas ainsi de toute histoire d’amour? » En recourant au suffrage universel direct pour sacrer le chef de l’Etat, la Ve République a fait de cette élection un drame shakespearien baigné de clameurs et de larmes. Duhamel et Santamaria ont été impressionnés par le jeu de massacre de 2017 où la plupart « des fantassins, têtes de gondole ou plus modestes ont mordu la poussière, violemment, dès le premier tour » . Ces Jours d’après racontent ce moment où… tout s’écroule! Les victimes de ces terribles tournois sont condamnées à un choix cornélien: continuer le combat à condition de s’adapter à la nouvelle donne ; ou renoncer, quitter la scène, prendre le large. Et s’enrichir d’une autre vie. Les deux auteurs décrivent comment quelque quinze malheureux héros ont franchi le cap : de Nicolas Sarkozy voulant respecter une longue abstinence médiatique – mais ne cherche-t-il pas déjà à rebondir ? – à François Hollande qui, « actif et mélancolique, surprenant et maussade, amer et décapant, brûle déjà de persuader l’opinion que son heure n’est pas passée » à l’instar de tous ses compagnons d’infortune.
A l’opposé de ces lendemains qui déchantent, deux autres journalistes, Jean-Michel Décugis et Marc Leplongeon, ont mené une enquête méticuleuse, édifiante et passionnante sur cette France qui tombe sous l’explosion du chômage, de la violence, de l’immigration et du racisme. Ce qu’ils appellent le « Möllenbeck français » , c’est Lunel, une commune de vingt-cinq mille habitants, entre Nîmes et Montpellier,
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