Dans les bas-fonds
Les noirceurs de la vie explorées et décrites sans concession. Âmes sensibles s’abstenir.
Dans la préface du Jardin de sable, Donald Ray Pollock résume parfaitement le premier roman d’Earl Thompson : « C’était rempli de sexe, de salauds, de crasse, d’alcool et d’une profonde pauvreté, mais, à sa façon triste et sordide, c’était également beau. » Petites natures effarouchées, passez votre chemin, car voici une oeuvre tordue de violence, rongée par la misère, avec une poignée de vagabonds antipathiques et de rebelles en fuite qui ne s’en sortiront jamais. L’auteur de ce livre sait de quoi il parle. Earl Thompson (1931-1978) est né au Kansas et n’a pas eu d’enfance choyée ni de jeunesse paisible. Il appartient à un monde qui trime sans espoir jusqu’à la dernière heure. Mort à 47 ans, après avoir écrit quatre livres, il n’aura pas eu le temps de profiter d’un semblant de succès ni de la reconnaissance de ses pairs. Dommage, car cette fiction qui colle à sa vie et à celle de ses voisins mérite tout notre respect de lecteur et notre stupéfaction devant tant de noirceur. Les personnages de Thompson accumulent les misères, l e s vols minables et les mensonges pitoyables pour se retrouver en miettes dans une voiture d’occasion sans frein. Et tout est à l’avenant : des filles braillant aux seins trop blancs, des nains excités, des mères de famille rongées par l’alcool, des perdants éternels. Ténèbres, donnez-vous la main ! C.F.
Earl Thompson,