Les frissons de l’angoisse
Comment ne pas céder face à des peurs de toute nature, des phobies toujours plus envahissantes.
Une vague d’effroi s’est abattue sur la planète: Ali Magoudi, de son double poste d’observation de psychanalyste et de psychiatre, le montre dans un style clair et simple avec N’ayons plus peur ! Les phobies, individuelles ou sociales, figures modernes de l’épouvante, intoxiquent l’air du temps et paralysent la pensée : agoraphobie, claustrophobie, nomophobie (crainte d’être privé de son téléphone) et une splendide fleur du mal, la katagélophobie ou peur du ridicule. Le ridicule ne tue pas, c’est bien l’inverse qu’il faut comprendre. Le psychanalyste, débrouillant l’écheveau de ces peurs tenaces, en conclut que la peur de la mort – ou thanatophobie – anime en sous-main toutes nos boules à l’estomac. Une patiente rougit. C’est la peur que le regard de l’autre devine ses pensées, forcément sexuelles. Un affrontement qui peut, de façon imaginaire, verser dans l’agressivité radicale et finir avec l’élimination voulue du gêneur. Peur d’être gros ou pas assez mince, chasse au gluten toxique, au tabac, à l’apéro, etc. Jamais comme à notre époque, un surmoi n’aura été aussi sévère et encombrant, étendant son empire sur les petits plaisirs. Sur le plan social, les discours apocalyptiques, noirs de prophéties de malheur, dessinent la figure de la catastrophe. Le virus de la grippe aviaire a mobilisé la planète. Menace réelle mais poignée de décès… Enterrée par une laïcité agressive, la religion a réduit à la marge le discours protecteur du sacré, qui donnait du sens à la vie et emportait le quidam vers des fins dernières lui garantissant un heureux séjour dans l’au-delà. JeanPaul II qui, on s’en souvient, regonflait le moral de ses troupes par un vigoureux « N’ayez pas peur ! » , l’avait bien compris. Jésus n’a-t-il pas vaincu la mort et donc toutes les peurs ? Peureux de toute sorte, lisez Magoudi et vous verrez que la psychanalyse a bien à voir avec votre propre vie. Ne pas céder et séparer le bon grain de l’ivraie. Ce n’est déjà pas si mal. A.R.
Ali Magoudi,