Turtle reine
Récit naturaliste et véritable ode à la liberté, ce roman prolétarien sur une famille américaine fana des armes à feu est une découverte sensationnelle.
Àla lecture de My Absolute Darling, on ne peut s’empêcher de penser à William Faulkner et à sa poétique de la poisse – mais à l’Ouest. On songe également à La Route de Cormac McCarthy, ou encore à Sukkwan Island de David Vann, à ceci près que le roman de Gabriel Tallent – encensé par la critique dès sa sortie aux États-Unis – évoque les relations d’un père et de sa fille. Elle, c’est Julia Alveston, 14 ans, surnommée Turtle par tous, sauf par son père qui l’appelle Croquette. Car Martin Alveston, survivaliste qui ne jure que par les armes, voit le monde comme une menace. Il est un prédateur, une bête blessée aussi, sur qui le voile ne sera jamais complètement levé. C’est d’ailleurs ce qui nimbe le livre d’une patine sans cesse plus opaque, visqueuse, glabre, mais d’une beauté éclatante.
Ils habitent une vieille maison décrépie, à Mendocino, au nord des côtes de la Californie. Chez eux, les armes sont omniprésentes, et l’allée « est jonchée de douilles vides tachées de vert-de-gris » . Sa fille
Gabriel Tallent,
HHHHI