À la folie
Depuis sa parution en 1994, L’Aliéniste, de Caleb Carr, aura causé de nombreuses nuits blanches chez les amateurs de sensations fortes. Et alors qu’on pouvait penser que le cinéma, toujours plus friand de tueurs en série depuis Le Silence des agneaux, se serait emparé du phénomène, c’est la télévision qui, contre toute attente, l’aura coiffé au poteau avec… vingt ans de retard ! Nimbé d’une ambiance poisseuse et malsaine, L’Aliéniste nous plonge en plein New York du xix siècle alors qu’un tueur en série s’attaque à de jeunes prostitués mâles. Pris entre fascination et désir de justice, l’aliéniste – ancêtre du psychiatre – Laszlo Kreizler décide de se lancer à sa poursuite en compagnie de son ami John Moore et d’une jeune secrétaire. À partir d’un postulat renvoyant forcément aux méfaits de Jack l’Éventreur, cette série tisse le portrait d’une société schizophrène où le faste le plus opulent côtoie la pauvreté la plus misérable, tandis que le poids des convenances pousse progressivement les hommes à commettre les pires monstruosités. Rien de bien nouveau en soi, si ce n’est que le prisme de la psychiatrie donne à cette plongée au coeur des ténèbres de fascinants attraits. Constamment sur le fil, les personnages principaux nous sont ici montrés dans toute leur ambiguïté. À mesure que l’enquête avance, c’est à leurs propres démons intérieurs qu’ils devront faire face.
On reconnaît bien là les pattes inimitables de Hossein Amini et Cary Fukanaga, respectivement scénariste de Drive et réalisateur de la première saison de True Detective, et leur fascination pour les héros tragiques. Pour peu que vous ayez l’estomac bien accroché ( la série n’est pas avare en détails sordides), L’Aliéniste pourrait bien devenir votre nouveau coup de coeur télévisuel du printemps ! L’Aliéniste, à partir du 2 avril, sur Polar +