Le Suspendu de Conakry
Jean-Christophe RUFIN
Voilà déjà des mois que le consul de France à Conakry, Aurel, ancien réfugié politique roumain du temps de Ceausescu, a été placardisé. Sa fâcheuse habitude à s’alcooliser, son émotivité débordante et sa manie à s’habiller comme en plein hiver, en ont fait un paria dans la capitale africaine. Sur la marina, à l’ambassade, il est la risée de tous. Mais voilà qu’une enquête va peut-être lui permettre de redorer son blason. Un Français d’une cinquantaine d’années est retrouvé sauvagement assassiné sur son bateau, le corps suspendu au mât en guise d’avertissement. Qui a tué cet homme ? Et pour quelles raisons ? Voilà ce que va tenter de découvrir Aurel, qui a toujours secrètement rêvé d’être policier. Accompagné par la belle Jocelyne, soeur du défunt, le consul, profitant de l’absence de sa hiérarchie, se lance à corps perdu dans la recherche du meurtrier. Tous les soupçons se portent sur la jeune Guinéenne sans le sou que la victime, richissime, entretenait depuis quelques semaines. Mais rien est si simple… La pugnacité du consul va l’amener à découvrir les basfonds de Conakry, mettant au jour la lâcheté des hommes. Si le postulat n’est pas d’une grande originalité, le nouveau roman de Jean-Christophe Rufin se démarque néanmoins par la qualité de son arrièreplan exotique. S’appuyant sur son expérience d’ambassadeur de France au Sénégal et en Gambie, l’académicien nous plonge au coeur de la Guinée postcoloniale. Et avec tout le talent qu’on lui connaît, y dépeint le racisme rampant, les vielles badernes blanches nostalgiques du temps des colonies, l’administration corrompue ou encore la misère crasse de la population. De quoi faire froid dans le dos.