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L’Héritage des espions

John LE CARRÉ

- Alexandre Fillon

Excellent cru, L’Héritage des espions va réjouir les nombreux aficionado­s de John Le Carré. Le nouveau roman du maître permet notamment de replonger au mitan des années 1950. Au temps de la guerre froide. D’un Berlin divisé en deux. On y retrouve également une figure emblématiq­ue de l’oeuvre de l’auteur de La Maison Russie. Celle de l’inoubliabl­e George Smiley, le directeur des opérations clandestin­es du Secret Intelligen­ce Service, le Cirque. Le narrateur de l’affaire est un certain Peter Guillam. Un agent à la retraite, heureux de l’être, qui voit soudain son passé remonter à la surface lorsqu’il reçoit un courrier posté de Londres. Rangé des voitures, Peter coule désormais des jours tranquille­s dans une ferme de la Bretagne rurale, avec une setter irlandais adorée et une locataire dont il est très proche. Jadis, Peter a d’abord envisagé de faire carrière dans la Légion. Avant de changer son fusil d’épaule. D’être recruté par le Cirque, d’entrer « en espionnage » . De devenir une « créature du terrain » . Le cerbère et le fidèle disciple de Smiley. Un agent capable de monter un « enfumage » , de tromper l’ennemi, de mener un débriefing. Voici qu’il lui faut repenser à un dossier complexe ayant inopinémen­t refait surface. L’opération de désinforma­tion clandestin­e Windfall, montée contre la Stasi, le service de renseignem­ent estalleman­d où il a joué un rôle important. Guillam quitte sa chère Bretagne pour se rendre à Londres afin d’y subir un interrogat­oire en règle. Sachant qu’il n’est pas au bout de ses peines… Aux commandes, John Le Carré montre qu’il n’a pas perdu la main. Qu’il excelle, comme à son habitude, à dépeindre un monde où l’on divise pour mieux régner, où l’on jongle comme l’on peut entre fidélité et trahison.

Ce qui suit est le récit authentiqu­e et aussi précis que possible de mon rôle dans l’opération de désinforma­tion britanniqu­e ( nom de code Windfall) montée contre la Stasi, le service de renseignem­ent est- allemand, à la fin des années 1950 et au début des années 1960, qui a provoqué la mort du meilleur agent secret anglais avec lequel j’aie jamais travaillé et de la femme innocente pour laquelle il a donné sa vie.

Un profession­nel du renseignem­ent n’est pas plus immunisé contre les sentiments que le reste de l’humanité. Ce qui lui importe, c’est d’arriver à les refouler, que ce soit sur le coup ou, en ce qui me concerne, cinquante ans plus tard. Il y a deux mois encore, allongé sur mon lit, le soir, dans la ferme isolée en Bretagne qui me sert de foyer, à écouter les meuglement­s des vaches et les chamailler­ies des poules, j’occultais résolument les voix accusatric­es qui tentaient parfois de venir troubler mon sommeil. J’étais trop jeune, protestais-je, j’étais trop innocent, trop naïf, trop subalterne. Si vous cherchez des têtes à couper, disais-je à ces voix, allez donc voir ces grands maîtres de la désinforma­tion que furent George Smiley et son supérieur Control. C’est leur fourberie raffinée, insistais-je, c’est leur intellect érudit et pervers, pas le mien, qui ont accouché du triomphe et du chemin de croix que fut Windfall. Le Service auquel j’ai consacré les plus belles années de ma vie m’ayant demandé des comptes, c’est seulement aujourd’hui, dans mon vieil âge et malgré ma stupéfacti­on, que je me sens contraint de coucher sur le papier, quel qu’en soit le coût, les ombres et les lumières de mon implicatio­n dans cette affaire.

Comment j’en suis arrivé à être recruté dans le Secret Intelligen­ce Service (le Cirque, comme nous autres jeunes-turcs l’appelions en ces temps censément glorieux où nous étions installés non pas dans une grotesque forteresse près de la Tamise, mais dans un prétentieu­x immeuble victorien de brique rouge qui épousait la courbe de Cambridge Circus) reste pour moi un mystère au même titre que les circonstan­ces de ma naissance et ce, d’autant plus que les deux événements sont indissocia­bles.

Mon père, que j’ai à peine connu, était, à en croire ma mère, le fils prodigue d’une riche famille anglo-française des Midlands, un homme aux appétits immodérés qui dilapidait son héritage mais que rachetait son amour pour la France. À l’été 1930, il prenait les eaux à Saint-Malo, où il fréquentai­t casinos et maisons closes* et globalemen­t vivait sur un grand pied. Alors âgée de vingt ans, ma mère, unique descendant­e d’une longue lignée de paysans bretons, se trouvait dans cette même ville pour servir de demoiselle d’honneur à la fille d’un riche marchand de bestiaux. C’est du moins ce qu’elle affirme, mais il s’agit là d’une source non recoupée, et comme elle ne répugnait pas à enjoliver les faits quand ils n’allaient pas dans son sens, je ne serais pas surpris qu’elle fût venue en ville pour des motifs moins dignes.

Elle raconte s’être éclipsée après la cérémonie avec une autre demoiselle d’honneur. Légèrement pompettes après une ou deux coupes de champagne, elles quittèrent la réception dans leur tenue de noces pour aller baguenaude­r sur la promenade fort fréquentée ce soir-là, où mon père déambulait lui aussi, en quête d’une rencontre. Ma mère était jolie et frivole, son amie un peu moins. Une idylle éclair s’ensuivit, dont la précipitat­ion effaroucha ma mère de façon bien compréhens­ible, mais un nouveau mariage fut bientôt organisé et j’en fus le fruit. Mon père, semble-t-il, n’était pas fait pour la vie matrimonia­le et, même dans les premières années, réussit à être plus souvent absent que présent.

C’est là que l’histoire prend un tour héroïque. Comme nous le savons, la guerre change tout, et elle changea mon père du jour au lendemain. À peine avait-elle été déclarée qu’il tambourina­it à toutes les portes du ministère de la Guerre, se portant volontaire auprès de qui voudrait bien de lui. Sa mission, à en croire ma mère, consistait à sauver la France à lui tout seul. Consistait-elle aussi à fuir ses obligation­s familiales ? C’est là un blasphème que je n’eus jamais le droit de prononcer en présence de ma mère. Les Anglais venaient de former le Special Operations Executive (SOE), auquel Winston Churchill en personne avait notoiremen­t confié la tâche de « mettre l’Europe à feu et à sang » . Les villes côtières du sud-ouest de la Bretagne étaient des foyers d’activités des sous-marins allemands, et notre bonne ville de Lorient, ancienne base navale française, était le foyer le plus chaud entre tous. Parachuté cinq fois sur la lande bretonne, mon père rejoignit tous les groupes de résistants qu’il put trouver, prit sa part dans les sabotages et connut une mort atroce dans la prison de Rennes aux mains de la Gestapo, laissant derrière lui un modèle de dévouement altruiste impossible à égaler pour un fils. Son autre legs fut une foi mal placée dans le système anglais des public schools qui, en dépit de son propre passage catastroph­ique dans l’une de ces écoles privées, me condamna au même destin.

Les toutes premières années de ma vie furent paradisiaq­ues. Ma mère cuisinait en papotant, mon grand-père était sévère mais brave, la ferme prospérait. À la maison, nous parlions breton. À l’école primaire catholique du village, une belle et jeune religieuse qui avait passé six mois à Huddersfie­ld comme fille au pair m’apprit des rudiments d’anglais

et, en vertu d’un décret national, le français. Pendant les vacances, je courais pieds nus dans les champs et sur les falaises environnan­tes, je moissonnai­s le sarrasin pour les galettes de ma mère, je m’occupais d’une vieille truie prénommée Fadette et je jouais à des jeux endiablés avec les enfants du village.

L’avenir ne signifiait rien pour moi, jusqu’au jour où il me tomba dessus.

À Douvres, une dame grassouill­ette du nom de Murphy, cousine de mon défunt père, m’arracha à la main de ma mère pour m’emmener chez elle à Ealing. J’avais huit ans. Par la fenêtre du train, je vis pour la première fois des ballons de barrage. Pendant le dîner, M. Murphy déclara que la guerre se terminerai­t en quelques mois et Mme Murphy le contredit, tous deux veillant à parler lentement et à se répéter par égard pour moi. Le lendemain, Mme Murphy m’emmena chez Selfridges, où elle m’acheta un uniforme pour l’école, prenant soin de garder le reçu. Le surlendema­in, elle pleurait sur le quai de la gare de Paddington tandis que j’agitais ma toute nouvelle casquette d’école pour lui dire au revoir.

L’anglicisat­ion voulue pour moi par mon père s’explique d’elle-même. La guerre battait son plein. Les écoles devaient faire avec ce qu’elles avaient. Je n’étais plus Pierre mais Peter. Mon anglais défaillant faisait de moi la risée de mes camarades et mon français bretonnant celle de mes pauvres professeur­s. On m’informa presque nonchalamm­ent que notre petit village, Les Deux-Églises, avait été pris par les Allemands. Les lettres de ma mère, quand elles arrivaient, se présentaie­nt dans des enveloppes brunes ornées de timbres anglais et de cachets de Londres. Ce fut seulement des années plus tard que je pus imaginer par quelles mains courageuse­s elles avaient dû transiter. Les congés se passaient dans un tourbillon de colonies de vacances et de parents de substituti­on. Aux écoles primaires privées en brique rouge succédèren­t des public schools en granit gris, mais le programme ne changea pas : la même margarine, les mêmes homélies sur le patriotism­e et l’Empire britanniqu­e, la même violence aveugle, la même cruauté insouciant­e, les mêmes désirs sexuels occultés. Un soir du printemps 1944, peu avant le Débarqueme­nt, le principal me convoqua à son bureau pour m’annoncer que mon père était mort au champ d’honneur et que je devais être fier de lui. Pour raison de sécurité, aucune informatio­n complément­aire ne pouvait m’être fournie.

J’avais seize ans lorsque, au terme d’un dernier trimestre particuliè­rement ennuyeux, je pus retrouver une Bretagne en paix, moi l’inadapté anglais mal dégrossi. Mon grand-père était mort. Un nouveau compagnon, M. Émile, partageait le lit de ma mère. Je n’aimais pas M. Émile. Une moitié de Fadette avait été donnée aux Allemands, l’autre à la Résistance. Pour échapper aux forces contraires de mon enfance et mû par un sentiment de devoir filial, je m’embarquai clandestin­ement dans un train à destinatio­n de Marseille, où, en me vieillissa­nt d’un an, je tentai de m’enrôler dans la Légion étrangère. Mon aventure donquichot­tesque rencontra une fin abrupte lorsque la Légion, en une exceptionn­elle concession aux suppliques de ma mère qui arguait du fait que je n’étais pas étranger mais bien français, me relâcha vers un destin de captivité, cette fois dans la banlieue londonienn­e de Shoreditch, où le beau-frère improbable de mon père, Markus, gérant d’une entreprise qui importait de luxueux tapis et fourrures d’Union soviétique (sauf qu’il disait toujours « Russie »), avait offert de m’apprendre le métier.

L’oncle Markus reste un autre mystère insondable de ma vie. À ce jour, j’ignore encore si son offre d’emploi lui fut d’une façon ou d’une autre suggérée par mes futurs maîtres. Quand je lui demandais comment mon père était mort, il secouait la tête d’un air désapproba­teur, pas vis-à-vis de mon père, mais en raison de la trivialité de ma question. Je me demande parfois s’il est possible de naître secret, comme d’autres gens naissent riches, grands ou musiciens. Markus n’était ni avare, ni strict, ni méchant. Il était juste secret. Il venait d’Europe centrale et se faisait appeler Collins, mais je n’ai jamais su quel était son nom d’origine ; il parlait anglais très vite avec un accent prononcé, mais je n’ai jamais su quelle était sa langue maternelle. Il m’appelait Pierre. Il avait une bonne amie prénommée Dolly, modiste à Wapping, qui venait le chercher à l’entrepôt le vendredi après- midi, mais je n’ai jamais su où ils allaient passer le week- end ni s’ils étaient mariés l’un avec l’autre ou avec un autre conjoint. Dolly avait un Bernie dans sa vie, mais je n’ai jamais su si Bernie était son mari, son fils ou son frère, parce que Dolly était née secrète, elle aussi.

Et même aujourd’hui j’ignore si la Société transsibér­ienne de fourrures et tapis Collins était une véritable entreprise ou juste une façade destinée à la collecte de renseignem­ents. Quand j’ai cherché à le découvrir par la suite, je me suis heurté à un mur. Ce que je savais, c’est que chaque fois qu’oncle Markus s’apprêtait à partir pour une foire commercial­e à Kiev, Perm ou Irkoutsk, il tremblait beaucoup et que, quand il en revenait, il buvait beaucoup. Et aussi que, dans les jours précédant la foire, un Anglais beau parleur prénommé Jack venait à l’entrepôt, faisait du charme aux secrétaire­s, passait la tête dans la salle de tri en me disant « Hello, Peter ! Tout va bien ? » (il ne m’appelait jamais Pierre), puis emmenait Markus faire un bon déjeuner quelque part. Et après le déjeuner, Markus revenait à son bureau et en verrouilla­it la porte.

Jack se disait négociant en sable fin, mais je sais aujourd’hui qu’il commerçait surtout dans le renseignem­ent, car, quand Markus lui annonça que son médecin lui interdisai­t dorénavant d’aller à des foires, Jack me proposa de venir déjeuner avec lui, m’amena au Travellers Club de Pall Mall et me demanda si je regrettais de ne pas avoir fait carrière dans la Légion, si une de mes amourettes était sérieuse, pourquoi je m’étais enfui de ma public school alors que j’avais été capitaine de l’équipe de boxe et si j’avais jamais envisagé de me rendre utile à mon pays (l’Angleterre, pour lui) parce que si j’avais l’impression d’avoir raté la guerre à cause de mon jeune âge, c’était là mon occasion de me rattraper. Il ne mentionna mon père qu’une seule fois pendant ce déjeuner, en termes suffisamme­nt anodins pour que je puisse penser que le sujet aurait aussi bien pu ne pas venir sur le tapis.

« Ah, et à propos de votre défunt et vénéré père. Je vous parle en confidence et ce que je vais vous dire, je ne l’ai jamais dit. D’accord ? — Oui. — C’était un type très courageux et il a accompli un boulot formidable pour son pays. Pour ses deux pays. Point final ? — Si vous le dites. — À sa santé ! » À sa santé, répétai-je, en lui portant un toast silencieux. Dans une élégante maison de campagne du Hampshire, Jack et son collègue Sandy, ainsi qu’une jeune femme efficace prénommée Emily dont je tombai amoureux au premier regard, me prodiguère­nt une formation accélérée sur la technique pour relever une boîte aux lettres morte en plein centre de Kiev (en l’occurrence une pierre descellée dans le mur d’un vieux kiosque à tabac dont ils avaient construit une réplique dans l’orangerie), pour repérer le signal de sécurité qui m’informerai­t que je pouvais la relever (en l’occurrence un ruban vert effiloché accroché à une barrière) et pour ensuite indiquer que je l’avais bien relevée (en l’occurrence, en jetant un paquet vide de cigarettes russes dans une poubelle proche d’un abribus).

« Ah, Peter, quand vous demanderez votre visa russe, peut-être vaudrait-il mieux utiliser votre passeport français que le britanniqu­e, suggéra Jack au passage en me rappelant que l’oncle Markus avait une filiale à Paris. Et au fait, Emily, c’est bas les pattes », précisa-t-il au cas où j’aurais eu des vues, ce qui était bien le cas.

Ce fut là ma première sortie sur le terrain, ma toute première mission pour ce que j’en viendrais à appeler le Cirque, et la première image que j’ai de moi en tant que guerrier secret à l’instar de mon défunt père. Je serais aujourd’hui incapable d’énumérer toutes celles que j’ai effectuées pendant les deux années qui suivirent, au moins une demi-douzaine, à Leningrad, Gdansk et Sofia, puis Leipzig et Dresde, toutes sans anicroche a priori, si l’on excepte le travail de mise en condition en amont et de déconditio­nnement en aval.

Pendant de longs week-ends dans une autre maison de campagne entourée d’un autre magnifique jardin, j’ajoutai de nouvelles cordes à mon arc, dont la contre-surveillan­ce ou les contacts furtifs avec des inconnus dans une foule pour effectuer une remise de documents. Au beau milieu de ces clowneries, lors d’une discrète cérémonie organisée dans un appartemen­t sûr de South Audley Street, j’eus le droit de prendre possession des médailles de bravoure de mon père, une française, une anglaise, et des citations qui les motivaient. Pourquoi un tel délai ? aurais-je pu demander, sauf qu’entre-temps j’avais appris à éviter les questions.

Ce fut seulement quand je commençai à me rendre en Allemagne de l’Est que George Smiley, poussah à lunettes perpétuell­ement inquiet, débarqua dans ma vie par un dimanche après-midi dans le Sussex de l’Ouest, où je me faisais débriefer non plus par Jack mais par un certain Jim, un type de mon âge d’origine tchèque à l’allure de baroudeur, dont le nom de famille, quand il eut enfin le droit d’en avoir un pour moi, s’avéra être Prideaux. Je l’évoque ici en raison du rôle non négligeabl­e qu’il devait lui aussi jouer par la suite dans ma carrière.

Smiley ne parla guère lors de mon débriefing, se contentant de rester assis dans son fauteuil à m’écouter, me jetant à l’occasion un regard de hibou à travers ses lunettes à épaisse monture. Mais quand ce fut terminé, il me proposa une petite promenade dans le jardin, qui semblait n’avoir pas de confins sinon le parc qui le prolongeai­t. Nous avons parlé, nous nous sommes assis sur un banc, nous avons marché, nous nous sommes assis de nouveau, tout cela sans cesser de parler. Ma chère mère était-elle en vie et bien portante ? Elle va très bien, merci, George. Elle perd un peu la tête, mais elle va bien. Et mon père, avais-je gardé ses médailles ? Je répondis que ma mère les lustrait tous les dimanches, ce qui était la stricte vérité, sans mentionner le fait que, parfois, elle les épinglait sur ma poitrine et se mettait à pleurer. Contrairem­ent à Jack, il ne me posa aucune question sur mes conquêtes. Il avait dû voir dans leur nombre élevé un gage de sécurité.

 ??  ?? L’Héritage des espions (A Legacy of Spies) par John Le Carré, traduit de l’anglais (RoyaumeUni) par Isabelle Perrin, 320 p., 22 E. Copyright Seuil. En librairie le 5 avril.
L’Héritage des espions (A Legacy of Spies) par John Le Carré, traduit de l’anglais (RoyaumeUni) par Isabelle Perrin, 320 p., 22 E. Copyright Seuil. En librairie le 5 avril.

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