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Neuf contes

Margaret ATWOOD

- Neuf contes (Stone Mattress) par Margaret Atwood, traduit de l’anglais (Canada) par Patrick Dusoulier, 324 p., 22 E. Copyright Robert Laffont. En librairie le 12 avril. Gladys Marivat

Si La Servante écarlate a marqué par son univers angoissant, ce roman ne dévoile qu’une facette du talent de Margaret Atwood. Quoi de mieux que des nouvelles pour en découvrir la grande variété ? Ces Neuf contes, qui paraissent aujourd’hui, jouent avec les codes du gothique anglais, de la science-fiction, du récit d’aventures et du roman fantastiqu­e. Ils nous parlent d’amour, de sexe, de revenants, de vengeance. Ils sont, comme souvent chez l’écrivaine canadienne, principale­ment peuplés de femmes, mais aussi de créatures virtuelles, monstrueus­es, ou d’espèces vivant sur Terre depuis des milliards d’années. Enfin et surtout – c’est ce que l’on oublie souvent à propos d’Atwood –, ils sont drôles. La romancière fait rire comme seuls savent le faire les observateu­rs lucides de la comédie humaine. Le sourire vous viendra aux lèvres dès l’ouverture d’Alphinland, premier conte du recueil, qui décrit si justement le catastroph­isme ridicule des chaînes d’info friandes de perturbati­ons climatique­s. Et ce rire rendra encore plus déconcerta­nte la découverte des sinuosités d’Alphinland, nom donné à la série des romans fantastiqu­es créés par Constance, l’héroïne de cette histoire. Mais depuis que Constance a perdu son époux, elle confond la fiction et la réalité, le monde des vivants, des morts et celui qu’elle a inventé. Ainsi vont les contes d’Atwood : ils créent un sentiment familier, butent sur un détail dérangeant et dérivent lentement. D’une dispute conjugale à un cadavre encombrant, d’un voyage dans l’Arctique à un crime, d’une discussion entre copines à un souvenir sanglant. Lusus Naturae – que nous reproduiso­ns ici – commence par une conversati­on sur un bébé autrefois mignon, avant de nous entraîner dans un conte glaçant, proche des romans de Shirley Jackson.

Que pouvait-on faire de moi, que devait-on faire de moi ? Il s’agissait d’une seule et même question. Les possibilit­és étaient limitées. La famille les avait toutes débattues, lugubremen­t, interminab­lement, assise le soir autour de la table de la cuisine, les volets clos, mangeant leurs saucisses sèches et poilues, et buvant leur soupe de pommes de terre. Lorsque j’étais dans une de mes phases de lucidité, je m’asseyais avec eux et me joignais à la conversati­on dans la mesure de mes possibilit­és tout en cherchant les morceaux de pomme de terre dans mon bol. Sinon, je me réfugiais dans le coin le plus sombre en miaulant, et j’écoutais les voix gazouillan­tes que personne d’autre ne pouvait entendre.

« C’était un bébé tellement mignon, disait ma mère. Il n’y avait rien d’anormal chez elle. »

Cela l’attristait d’avoir donné le jour à une chose comme moi : c’était comme un reproche, un jugement. Qu’avait-elle fait de mal pour mériter ça ? « C’est peut-être un sort », suggéra ma grand-mère. Elle était aussi sèche et poilue que les saucisses, mais c’était normal chez elle, étant donné son âge.

« Elle a été très bien pendant des années, ajouta mon père. C’est venu après sa rougeole, quand elle avait sept ans. Après ça.

— Qui pourrait vouloir nous jeter un sort ? » répondit ma mère.

Ma grand-mère fit une grimace. Elle avait une longue liste de candidats en tête, mais il lui était impossible d’en distinguer un dans le lot. Notre famille avait toujours été respectée, aimée même, plus ou moins. Elle l’était encore, et continuera­it de l’être si on pouvait faire quelque chose à mon sujet. Avant que je ne fuite, pour ainsi dire.

« Le docteur estime que c’est une maladie » , intervint mon père.

Il aimait prétendre qu’il était un homme rationnel. Il recevait les journaux. C’est lui qui avait insisté pour que j’apprenne à lire, et il avait persisté dans ses encouragem­ents en dépit de tout. Cela étant, je ne me nichais plus désormais dans le creux de son bras. Il me faisait asseoir de l’autre côté de la table. Cette distance me peinait, mais je le comprenais.

« Mais alors, interrogea ma mère, pourquoi est-ce qu’il ne lui donne pas des médicament­s ? »

Ma grand-mère émit un grognement. Elle avait ses propres idées sur le sujet, à base de vesses-de-loup et de distillats de liqueurs. Une fois, elle m’avait maintenu la tête sous l’eau de trempage du linge, tout en marmonnant des prières. C’était pour expulser le démon qui – elle en était convaincue – s’était introduit en moi par la bouche et logeait derrière mon sternum. Ma mère avait dit que cela partait d’une bonne intention.

« Nourrissez- la de pain, avait recommandé le docteur. Elle voudra beaucoup de pain. Et aussi des pommes de terre. Elle voudra boire du sang. Du sang de poulet fera l’affaire, ou du sang de vache. Ne la laissez pas en boire trop. » Il nous avait dit le nom de la maladie, dans lequel il y avait des p et des r, et qui ne signifiait rien pour moi. Jusqu’ici, il n’avait rencontré qu’un cas semblable, avait-il ajouté en regardant mes yeux jaunes, mes dents roses, mes ongles rouges, et les longs poils qui poussaient sur ma poitrine et sur mes bras. Il voulait m’emmener à la ville, pour que d’autres médecins puissent m’examiner, mais ma famille avait refusé. « C’est un lusus naturae, avait-il expliqué. — Qu’est-ce que ça veut dire ? avait demandé ma grand-mère. — Un jeu de la nature. » Ce médecin venait de très loin. C’est nous qui l’avions fait venir, parce que le nôtre aurait propagé des rumeurs.

« C’est du latin, avait-il ajouté. Comme un monstre. (Il croyait que je ne pouvais pas entendre, parce que je miaulais.) Ce n’est la faute de personne. — C’est un être humain », avait relevé mon père. Puis il avait donné beaucoup d’argent au docteur pour qu’il retourne dans son lointain pays et ne revienne jamais.

« Pourquoi Dieu nous a- t- il fait ça ? demanda ma mère.

— Sort ou maladie, peu importe, dit ma grande soeur. De toute façon, personne ne voudra m’épouser, si on le découvre. »

Je hochai la tête : c’était vrai. Ma soeur était une jolie fille, et nous n’étions pas pauvres. Nous faisions presque partie de la noblesse. Sans moi, son avenir serait dégagé.

La journée, je restais enfermée dans ma chambre plongée dans l’obscurité. Je n’étais plus un sujet de plaisanter­ie. Ça me convenait tout à fait, parce que je ne supportais pas le soleil. La nuit, incapable de dormir, j’errais à travers la maison, écoutant les ronflement­s des autres, leurs petits cris de cauchemar. Le chat me tenait compagnie. J’avais une odeur de sang, de vieux sang séché : c’est peut-être pour ça qu’il me suivait comme mon ombre, qu’il me grimpait dessus et se mettait à me lécher.

Ils avaient raconté aux voisins que j’avais une maladie chronique, une fièvre, un délire. Les voisins nous faisaient porter des oeufs et des choux. De temps en temps, ils nous rendaient visite pour glaner des nouvelles, mais ils ne tenaient pas à me voir : ce que j’avais était peut-être contagieux.

Il fut décidé que je devais mourir. Comme ça, je ne serais plus un obstacle pour ma soeur, une menace permanente flottant au-dessus de sa tête.

« Mieux vaut qu’il y en ait une qui soit heureuse plutôt que deux malheureus­es », avança ma grandmère – qui accrochait à présent des gousses d’ail sur le chambranle de ma porte. Je consentis à ce plan. Je voulais aider. On soudoya le prêtre, mais on fit aussi appel à son esprit de compassion. Les gens aiment penser qu’ils font le bien tout en empochant une grosse somme d’argent, et notre prêtre ne faisait pas exception à la règle. Il me dit que Dieu m’avait choisie, que j’étais spéciale, une jeune mariée en quelque sorte. Il me dit que j’étais appelée à faire des sacrifices, et que mes souffrance­s purifierai­ent mon âme. Il me dit que j’avais de la chance, car je resterais innocente toute ma vie, aucun homme ne voudrait me souiller, et que je monterais alors tout droit au paradis.

Il raconta aux voisins que j’étais morte en odeur de sainteté. On m’exposa dans un cercueil très profond, dans une pièce très sombre, vêtue d’une robe blanche et recouverte de nombreux voiles blancs, une tenue appropriée pour une vierge et bien utile pour masquer ma pilosité.

Je restai allongée là pendant deux jours, mais bien sûr, je pouvais me lever la nuit et me promener dans la pièce. Je retenais ma respiratio­n quand quelqu’un entrait. Les gens marchaient sur la pointe des pieds et parlaient à voix basse. Ils ne s’approchaie­nt pas trop, ils avaient encore peur de ma maladie. À ma mère, ils disaient que je ressemblai­s à un ange.

Assise dans la cuisine, ma mère pleurait comme si j’étais vraiment morte. Même ma soeur réussissai­t à avoir l’air triste. Mon père portait son costume noir. Ma grand-mère faisait de la pâtisserie. Tout le monde s’empiffrait. Le troisième jour, ils remplirent le cercueil de paille humide et l’emportèren­t au cimetière pour l’enterrer, avec des prières et une modeste pierre tombale. Trois mois plus tard, ma soeur se maria. On la conduisit à l’église dans un carrosse, une première dans notre famille. Mon cercueil était un barreau sur l’échelle sociale de ma soeur.

Maintenant que j’étais morte, j’étais libre. Seule ma mère avait le droit d’entrer dans ma chambre – mon ancienne chambre, comme ils l’appelaient. Ils avaient raconté aux voisins qu’ils la conservaie­nt intacte, en hommage à ma mémoire. Un portrait de moi était accroché sur la porte, réalisé quand j’avais encore l’air d’un être humain. Je ne savais pas de quoi j’avais l’air maintenant. J’évitais les miroirs.

Dans la pénombre, je lisais Pouchkine, Lord Byron et les poèmes de John Keats. Je découvrais les amours tragiques, la défiance et la douceur de la mort. Je trouvais ces pensées réconforta­ntes. Ma mère m’apportait mes pommes de terre et mon pain, ainsi que mon bol de sang, et remportait le pot de chambre. Pendant un temps, elle avait brossé ma toison, avant que les poils ne tombent par poignées. Avant, elle me serrait aussi dans ses bras en pleurant, mais elle avait désormais dépassé ce stade. Elle venait et repartait aussi vite qu’elle le pouvait. Elle avait beau essayer de le cacher, elle m’en voulait, naturellem­ent. Il y a des limites à la pitié qu’on peut éprouver pour quelqu’un, avant de trouver que son affliction est un acte de malice perpétré contre vous.

La nuit, j’avais toute liberté de me promener dans la maison, puis dans le jardin, et ensuite dans la forêt. Je n’avais plus à craindre d’être un obstacle entre les autres et leur avenir. Quant à moi, je n’avais pas d’avenir. Je n’avais qu’un présent, un présent qui changeait – me semblait-il – avec la lune. S’il n’y avait pas eu les crises, les heures de souffrance et le gazouillis des voix que je ne comprenais pas, j’aurais presque pu dire que j’étais heureuse.

Ma grand-mère mourut, puis mon père. Le chat se fit vieux. Ma mère s’enfonça plus profondéme­nt dans le désespoir. « Ma pauvre fille, disait-elle – bien que je ne fusse plus exactement une fille. Qui s’occupera de toi quand je serai partie ? »

À cela, il n’y avait qu’une réponse : il faudrait que ce soit moi. Je commençai à explorer les limites de mon pouvoir. Je découvris que j’en avais beaucoup plus quand j’étais invisible que visible, et surtout quand je ne l’étais qu’en partie. Un jour, délibéréme­nt, j’effrayai deux enfants dans les bois. Je leur montrai mes dents roses, mon visage velu, mes ongles rouges, en miaulant férocement, et ils s’enfuirent à toutes jambes en hurlant. Bientôt, les gens évitèrent notre coin de la forêt. Une nuit, je collai mon visage à une fenêtre et provoquai une crise d’hystérie chez une jeune femme. « Une chose ! J’ai vu une chose ! » hurla-t-elle en sanglotant. J’étais donc une chose. J’y réfléchis un moment. En quoi une chose n’étaitelle pas une personne ?

Un étranger fit une offre pour acheter notre ferme. Ma mère voulait vendre et emménager avec ma soeur et son noble de mari, avec sa famille qui s’agrandissa­it et dont on venait juste de peindre les portraits. Elle n’arrivait plus à s’en sortir seule, mais comment pourrait-elle m’abandonner ?

« Fais-le, lui dis-je. (À ce stade, ma voix était une sorte de grognement.) Je quitterai ma chambre. Il y a un endroit où je peux m’installer. »

Elle me fut reconnaiss­ante, la pauvre âme. Elle avait un attachemen­t pour moi, comme on peut s’attacher à une petite peau à la racine de l’ongle, ou à une verrue. J’étais à elle. Mais elle était soulagée de pouvoir se débarrasse­r de moi. Elle avait suffisamme­nt accompli son devoir pour toute une vie.

Pendant le déménageme­nt et la vente de notre mobilier, je restai cachée dans une meule de foin. C’était suffisant, mais ça ne conviendra­it pas pour l’hiver. Une fois que les nouveaux occupants eurent emménagé, il ne me fut pas difficile de m’en débarrasse­r. Je connaissai­s la maison mieux qu’eux, ses accès et ses issues. Je pouvais m’y déplacer dans le noir. Je devins une apparition, puis une autre. J’étais une main aux ongles rouges touchant un visage dans le clair de lune ; j’étais le bruit d’un gond rouillé que je faisais malgré moi. Ils prirent leurs jambes à leur cou, et notre maison fut déclarée hantée. Et je l’eus pour moi toute seule.

Je me nourrissai­s de pommes de terre déterrées à la lumière de la lune, d’oeufs chapardés dans les poulailler­s. De temps en temps, je volais une poule – j’en buvais d’abord le sang. Il y avait des chiens de garde, mais ils avaient beau hurler après moi, ils ne m’attaquaien­t jamais. Ils ne savaient pas ce que j’étais. Dans notre maison, j’essayai un miroir. On dit que les morts ne peuvent pas y voir leur reflet, et c’était vrai : j’étais incapable de m’y voir. Je voyais bien quelque chose, mais ce quelque chose n’était pas moi. Ça n’avait rien à voir avec la jolie et gentille jeune fille que je savais être, au fond de moi.

Or maintenant, les choses vont prendre fin. Je suis devenue trop visible. Voici comment c’est arrivé. Je cueillais des mûres dans la pénombre du crépuscule, à la lisière de la forêt, quand j’ai vu deux personnes s’approcher, venant de directions différente­s. L’une était un jeune homme, l’autre une jeune fille. Il avait de plus beaux habits qu’elle. Il portait des chaussures.

Ils semblaient furtifs. Je connaissai­s cet air – les regards qu’on lance par-dessus son épaule, les pauses, les hésitation­s –, car j’étais moi-même remarquabl­ement furtive. Je m’accroupis dans les buissons pour les observer. Ils se serrèrent l’un contre l’autre, tombèrent à terre. Ils commencère­nt à faire des bruits de miaulement, à grogner, à pousser de petits cris. Ils étaient peut-être victimes d’une crise, tous les deux en même temps. Peut-être étaient-ils – ah, enfin ! – des êtres comme moi. Je m’approchai en rampant, pour mieux voir. Non, ils n’étaient pas comme moi – ils n’étaient pas velus, par exemple, sauf sur la tête, et je pouvais facilement m’en rendre compte parce qu’ils s’étaient débarrassé­s de presque tous leurs vêtements –, mais d’un autre côté, il m’avait fallu un certain temps pour devenir ce que j’étais. Ils doivent en être seulement aux stades préliminai­res, songeai-je. Ils savent qu’ils sont en train de changer, ils se sont cherchés pour se tenir compagnie, et partager leurs crises.

Ils semblaient tirer du plaisir de leurs gesticulat­ions, même s’ils se mordaient de temps en temps. Je savais bien comment ça pouvait arriver. Quelle consolatio­n ce serait pour moi si je pouvais me joindre à eux ! Au fil des ans, je m’étais endurcie pour me résigner à ma solitude, mais à présent, je sentais cette carapace se dissoudre. J’étais cependant trop timorée pour m’approcher d’eux.

Un soir, le jeune homme s’endormit. La fille le couvrit de la chemise qu’il avait retirée et l’embrassa sur le front, avant de partir sans faire de bruit.

Je sortis des fourrés et me dirigeai lentement vers lui. Il était là, endormi dans un ovale d’herbe foulée, comme disposé sur un plateau. Je dois malheureus­ement avouer que je n’ai pas pu me retenir. J’ai posé sur lui mes ongles rouges, je l’ai mordu dans le cou. Était-ce du désir ou de la faim ? Comment pourrais-je faire la différence ? Il s’est réveillé, il a vu mes dents roses, mes yeux jaunes. Ma robe noire flottant dans la brise. Il m’a vue m’enfuir. Il a vu où j’allais.

Il l’a dit aux autres, dans le village, et ils ont commencé à réfléchir. Ils ont déterré mon cercueil, l’ont trouvé vide, et ils ont craint le pire. À présent, ils se dirigent vers cette maison, dans le crépuscule, avec de longs pieux, des flambeaux. Ma soeur est parmi eux, son mari aussi, et le jeune homme que j’ai embrassé. C’est tout ce que je voulais, l’embrasser.

Que puis-je leur dire, comment m’expliquer ? Quand des démons sont nécessaire­s, on trouvera toujours quelqu’un pour jouer ce rôle, et qu’on fasse un pas en avant ou qu’on vous pousse, le résultat final reste le même. « Je suis un être humain », pourrais-je leur dire. Mais quelle preuve en ai-je ? « Je suis un lusus naturae ! Emmenez-moi à la ville. Je devrais être étudiée ! » Aucun espoir de ce côté-là. J’ai bien peur que ce ne soit une mauvaise nouvelle pour le chat. Quoi qu’ils me fassent, ils le lui feront aussi.

Je suis de nature à pardonner. Je sais qu’ils sont animés des meilleures intentions. J’ai mis ma robe d’enterremen­t blanche et mon voile blanc, ainsi qu’il sied à une vierge. Il faut avoir le sens du décorum. Les voix gazouillan­tes sont très fortes : il est temps pour moi de prendre mon envol. Je tomberai du toit en flammes telle une comète. Je brûlerai tel un bûcher. Ils seront obligés de prononcer de nombreuses formules magiques au-dessus de mes cendres, pour s’assurer que je suis bien morte, cette fois. Au bout de quelque temps, je deviendrai une sainte à rebours. Les os de mes doigts seront vendus comme des reliques de magie noire. Je serai alors une légende.

Au paradis, je ressembler­ai peut-être à un ange. Ou peut- être les anges me ressembler­ont- ils. Quelle surprise ce serait, pour tous les autres ! J’ai hâte de voir ça.

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