Envers et contre Rome
Une superbe biographie pour cette grande figure gauloise d’exception.
Spécialiste incontesté de la Gaule et des Gaulois, Jean-Louis Brunaux est, plus largement, l’historien du monde celte, dont il a montré dans un maître livre – Les Celtes, histoire d’un mythe – combien les constructions idéologiques, et notamment celles racialistes du xix siècle, en subvertissaient la connaissance historique. Parce qu’il y a plusieurs « Gaule » – cisalpine, narbonnaise, aquitaine, arverne, éduenne, belge, bretonne… ; parce que les contacts entre les Gaulois et les mondes grec et romain se sont noués sur une longue période ; parce que, surtout, la civilisation – les croyances communes, les formes d’organisation sociale – de ces peuples n’a laissé aucune source écrite, leur histoire est rendue particulièrement difficile. Et puis, enfin, l’archéologie vint. C’est à elle que l’on doit, désormais, une connaissance assez sûre de la société gauloise, de ses industries, de ses arts, de ses croyances, de sa civilité. On peut alors relire les sources grecques et romaines – et notamment La Guerre des Gaules, de Jules César –, en retenir ce qu’elles ont d’utile à la connaissance historique et en rejeter ce qui relève de « l’histoire des vainqueurs ». Dans ces conditions, on pouvait oser l’« impossible » biographie du plus célèbre des Gaulois : Vercingétorix.
Jean-Louis Brunaux nous invite alors à découvrir un jeune homme, issu d’une lignée aristocratique, formé à l’école des druides et à la réflexion philosophique, instruit, bien sûr, aux métiers des armes et animé, comme son père, d’une ambition politique : rassembler les tribus gauloises dans la résistance à l’occupant romain. Cet occupant romain, Vercingétorix – qui fut, adolescent, otage de César – le connaît bien. Il en sait les techniques et la puissance militaire. Ainsi, dans une première phase de l’affrontement avec les légions, il remporta quelques succès signalés. Il ne parviendra pas, toutefois, à surmonter deux obstacles : celui de la division des peuples gaulois et celui de leur allergie à une autorité incarnée. Aussi bien comprend- on, au terme de ce beau livre, que sa défaite fut autant militaire que politique.