Agitations végétales
Un récit et un document brisent les idées reçues sur l’histoire, la vie et les vertus des plantes. Sans oublier leur avenir…
Certains sont prêts à courir les montagnes et les forêts, à grimper des roches escarpées ou à franchir des précipices pour collecter des plantes inconnues ou des graines rares. Sans compter les brigands, les escrocs ou les douaniers corrompus. Katia Astafieff, une journaliste qui aime l’aventure, raconte, dans L’Aventure extraordinaire des plantes voyageuses, les vies d’une poignée de fous dont les aventures feraient l’objet de films à couper le souffle.
Au cours du xix siècle, quand la Chine était interdite aux étrangers, l’Anglais Robert Fortune se déguise en mandarin, accompagné d’un traducteur et d’un porteur, pour se procurer des graines de théiers, monopole de l’empire du Milieu. Il affronte mille périls, manque d’être dénoncé, assassiné, pour avoir volé des semences. Qui, des mois plus tard, seront plantées en Inde, faisant la fortune de la GrandeBretagne, et du thé, la boisson la plus répandue dans le monde. Autant de péripéties attendent Joseph Rock, gentleman voyageur, qui découvre dans un monastère tibétain une pivoine merveilleuse qu’il n’a de cesse d’acclimater en Europe. L’Écossais Archibald Menzies affronte des mois de mer et le paranoïaque capitaine George Vancouver pour être le premier à admirer les séquoias géants. Amédée Frézier rapporte la fraise du Chili, André Thevet, le tabac, après un tour en Patagonie, François Fresneau, l’hévéa de Guyane. La rhubarbe n’était qu’une plante médicinale de Sibérie, le kiwi voyage à travers les continents avant de fructifier en France. LA RÉVOLUTION DES PLANTES Les plantes ne sont pas seulement voyageuses. Elles voient sans yeux, entendent sans oreilles, respirent sans poumons, sentent sans nez, goûtent sans bouche. Elles disposent, en plus, de quinze autres sens que nous ne possédons pas, comme celui du gradient chimique ou de la pesanteur. Stefano Mancuso est l’inventeur d’une nouvelle discipline, la neurobiologie végétale, qu’il présente dans L’Intelligence des plantes, un document stupéfiant coécrit avec Alessandra Viola. Immobiles, apparemment insensibles, les plantes savent emmagasiner et partager les informations tirées de leur environnement. Grâce à la photosynthèse, les végétaux sont à la jonction entre le Soleil et la Terre. Dans les pages les plus fascinantes, le professeur florentin décrit les modes de communications des plantes, entre elles et avec les êtres extérieurs. Au point de former un réseau Internet vivant. L’auteur envisage aussi l’élaboration de robots végétaux, les plantoïdes, et de systèmes à base de plantes, le Greenternet. Une révolution qui vaut de respecter et de protéger les plantes, auxquelles nous devons tout.