Guillaume Meurice
Humoriste et chroniqueur sur France Inter, Guillaume Meurice tient son goût de la lecture de ses parents libraires. À l’occasion de la parution de Cosme*, son premier livre, il nous ouvre les portes de sa bibliothèque. Plus prompt à lire des essais que des romans, il ne garde que les ouvrages qu’il est sûr de relire.
« La plupart des livres du grand généticien Albert Jacquard, découvert sur les conseils de mon père. Dans Éloge de la différence, il démontre l’absurdité du racisme avec des arguments scientifiques. Dans Halte aux Jeux !, il critique les concepts de compétition et de classement entre individus. Son idée phare : la différence n’entraîne pas la hiérarchie. J’ai eu la chance de le rencontrer : c’était un vieux sage, une sorte de maître Yoda ! »
« Parmi mes livres cultes, il y a bien sûr Cyrano de Bergerac. J’ai même affiché la tirade des “Non, merci” au-dessus de mon bureau : je la lis comme un manifeste libertaire ! Et un bel éloge de l’inutile, de la beauté du geste. Moi aussi, je dis souvent “non, merci”. Pour la promotion de mon livre, j’ai refusé d’aller sur le plateau d’On n’est pas couché. Je ne souhaite pas cautionner les tribunaux de l’art et de la pensée. Je ne m’y sentirais pas à ma place. »
« Dans les forêts de Sibérie de Sylvain Tesson, lu pendant le Festival d’Avignon : une prouesse ! J’en garde le souvenir d’un grand moment d’évasion, au milieu du bruit, de la foule, des sollicitations. J’apprécie particulièrement la manière qu’a Tesson de travailler la phrase. Et puis, j’ai toujours été fasciné par l’idée de solitude consentie. »
« J’aime beaucoup le Discours de la servitude volontaire d’Étienne de La Boétie. “Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux” : voilà une phrase qui me parle ! Je l’ai dite des centaines de fois, à un tas de gens. Par habitude, par pression sociale, nous avons tendance – à tort – à nous laisser impressionner par des personnes prétendues supérieures. C’est absurde ! La Boétie nous apprend à remettre en question ce genre de vérités toutes faites. »
« Je suis fan de biographies et de mémoires. J’aime savoir comment les gens sont arrivés là où ils sont. Les mémoires de Nelson Mandela, Conversations avec moi-même, m’ont beaucoup marqué. C’est un personnage mythique dont je ne savais finalement pas grand-chose. Son livre ne fait pas l’impasse sur les contradictions : la lutte armée, les erreurs, les errements… On sent son honnêteté, sa droiture intellectuelle, son souci des nuances. »
Propos recueillis par Estelle Lenartowicz