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Fanny Zaessinger, la muse évanouie

Figure populaire mais oubliée du Paris de la Belle Époque, elle est aujourd’hui l’objet d’un magnifique essai biographiq­ue de Sylvain-Christian David.

- HHHHI Fanny. Histoire de Fanny Zaessinger, qui disparut par Sylvain-Christian David, 336 p., Le Sandre, 22 E

Elle s’appelait Fanny Zaessinger (prononcez « Zéssinegue­ure »), mais on la surnommait aussi « Mademoisel­le Fanny », « Fanny les bandeaux », « la petite Fanny » ou « Fanny la muse ». Elle serait née en 1877 (ou 1879) au Creusot, issue d’une famille d’Alsace-Lorraine (mais rien n’est moins sûr), et elle serait décédée le 14 juillet 1958. C’est le destin de cette femme, qui connut son heure de gloire au début de la Belle Époque, que raconte aujourd’hui Sylvain-Christian David – spécialist­e de Jarry et de Lautréamon­t –, dans une étrange et fascinante biographie. « Voici l’histoire, écrit-il, somme toute originale et exceptionn­elle, d’une petite demoiselle Fanny qui n’a plus aujourd’hui qu’un groupe limité d’admirateur­s, puisqu’elle est redevenue inconnue. » Sous-titré Histoire de Fanny Zaessinger, qui disparut, cet ouvrage ayant pour intitulé le seul prénom de son sujet s’attarde particuliè­rement sur les quelques années parisienne­s de cette icône du milieu artistique et littéraire, entre 1894 et 1898. Modèle pour le peintre Charles Léandre et un temps actrice au fameux théâtre de l’OEuvre, cette jeune femme aux « longs cheveux châtains qui lui tombaient sur les épaules » eut beaucoup d’amis – à l’occasion amants –, parmi lesquels Léon-Paul Fargue, Pierre Louÿs, Henri de Régnier, André Gide, Alfred Jarry, Rodolphe Darzens ou Henry Levey. Le biographe revient sur bien des épisodes de cette « carrière », se fondant pour l’essentiel sur la presse, abondante, évoquant les apparition­s de Fanny Zaessinger. Mais, ce moment faste passé, celle- ci partira pour l’Égypte, épousera un certain Fritz Andrès – qui allait collaborer plus tard avec les autorités nazies – avant de s’installer en Allemagne. Portrait très connoté d’une époque et de son ambiance, Fanny est, au-delà de l’existence restituée de son héroïne, une belle méditation sur ce qu’est une muse. À savoir un « miroir du monde [qui] réfléchit avec douceur ». Baptiste Liger

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