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Antoine Dole*

« J’ai ressenti une émotion immense, en communion totale avec ceux qui m’entouraien­t »

- Propos recueillis par Raphaële Botte

Un premier voyage. Puis un second. Un troisième pour bientôt… Ma passion pour ce pays n’en finit pas de grandir. Tokyo, la mégalopole moderne, ne cesse de me surprendre tant elle est éloignée de l’imaginaire kawaii que je m’étais façonné. Lors de mon deuxième séjour à Tokyo, je suis arrivé la veille du premier jour du hanami, pour l’éclosion des fleurs de cerisiers. Je logeais à côté du Ueno Park, le poumon vert de Tokyo. Une fois à l’intérieur, la ville est oubliée, les arbres forment un écrin jalonné de t e m p l e s. L’atmosphère est différente,

les gens sont différents. Pour hanami, ils s’installent dès 5 heures du matin et quand les pétales éclatent, une masse rose envahit tout. Visuelleme­nt, émotionnel­lement… Le spectacle est total ! Je me trouvais dans un pays dont je ne comprenais absolument rien de la langue, moi qui suis si sensible aux mots ; j’ai pourtant ressenti une émotion immense, en communion totale avec ceux qui m’entouraien­t. J’ai écrit le début du Ueno Park (Actes Sud junior) dans la foulée : le premier jour du hanami, une adolescent­e quitte sa chambre après deux ans et demi d’enfermemen­t. On appelle ces individus qui s’isolent des hikikomori. Je suis rentré en France avec ces mots et l’idée du roman choral s’est construite autour de portraits de jeunes gens. La vie des Japonais est dictée par le collectif : ne jamais gêner la fluidité du groupe, ne pas faire de vagues, attendre son tour… J’entrevois la pression que cela peut engendrer sur la jeunesse au moment où l’esprit et le corps sont en effervesce­nce. Cette retenue perpétuell­e peut provoquer une ébullition compliquée. Dans ce roman, les adolescent­s répondent comme ils peuvent à ces codes sociaux imposés. Ils sont tous à un moment où leur existence est suspendue puis ils se remettent en action. J’aime l’idée de montrer que la vie est en mouvement, et que le temps du renouveau arrive toujours. Comme hanami. J’ai moi-même vécu cela au milieu des cerisiers… Cette année-là. »

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Tokyo, le Ueno Park en période de hanami.
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