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Père de gants

Le bel hommage de Guy Boley à son père disparu, un atypique boxeur-forgeron avide de littératur­e.

- Estelle Lenartowic­z

Il nous avait emportés avec Fils du feu, un premier roman publié à l’âge de 64 ans et salué pour la qualité de sa langue poétique et flamboyant­e. Deux ans après ce livre, qui racontait une enfance passée dans la chaleur d’une forge, Guy Boley revient avec Quand Dieu boxait en amateur, un portrait de son père. Né et mort à Besançon, ville « plaquée au creux d’une cuvette naturelle comme l’est une pâte feuilletée dans le fond d’un moule à tarte », René grandit auprès d’une mère rustre et autoritair­e, dans une misère d’argent et de mots qui lui donne une énergie d’assoiffé. Inscrit de force à la boxe parce que « ça fait les hommes » , le garçon hypersensi­ble se prend d’amour pour les livres, le théâtre et le ring. Adulte,

désormais forgeron, l’artiste sans oeuvre se laisse un jour convaincre de jouer le rôle du Christ dans une adaptation de La Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ montée par Pierre, son ami d’enfance devenu curé. Le « James Dean local » produit son effet, puis, des années plus tard, se laisse aller aux charmes de l’ennui, de l’alcool, de la nostalgiqu­e tristesse. Un somptueux fantôme se dresse avec orgueil dans les pages de ce beau récit sur l’amour filial. On retrouve la même atmosphère désuète, la même tendresse pour un monde qui s’en va, les mêmes tourments silencieux. « Car c’était lui, mon père, qui fut tout à la fois mon premier homme, ma première parole, ma première étincelle et ma première aurore. »

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★★☆☆ Quand Dieu boxait en amateur par Guy Boley, 180 p., Grasset, 17 €

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