Premières danses amoureuses
Mathieu Pierloot et Cathy Ytak traitent finement, dans leurs ouvrages respectifs, des grands élans de l’adolescence, de ses exaltations comme de ses retenues et de ses doutes.
Lorsqu’elles sont écrites avec talent, les histoires d’amour pour adolescents ne font pas rire les adultes. Summer kids et Ce soir, je le fais / Ce soir, je le quitte en sont une preuve. Avec le personnage d’Antoine, Mathieu Pierloot explore la parenthèse des grandes vacances qui suivent le bac. Entre son emploi dans une maison médicalisée pour personnes âgées et sa rupture avec Hannah, le jeune homme n’a pas vraiment envie de réfléchir à son avenir d’étudiant. Il pousse son chariot dans les couloirs, installe une vieille femme dans son fauteuil, grille des cigarettes en cachette avec un pensionnaire. Puis retrouve Alice et Mehdi au café. À quoi ressemblera sa vie sans Hannah ? Cet été est l’un de ceux qui marquent une vie, et le romancier nous dresse avec délicatesse le portrait de cette personnalité prête à éclore. Mathieu Pierloot (En grève !) ajoute à ce texte une subtile connotation sociale : il décrit la vie d’une mère seule avec ses fils, et explore les confrontations entre adolescents de milieux différents… Au fil des pages et des moments partagés avec Antoine et ses amis, Summer kids offre une photographie tout en nuances de l’adolescence.
SIMPLE COMME UNE SOIRÉE ADOLESCENTE
Cathy Ytak, autre belle plume abordant cette génération, utilise, quant à elle, un procédé narratif sur-mesure pour mettre en valeur les personnalités des uns et des autres : Emma et Simon nous racontent la même histoire. Chacun son regard. En apparence, le point de départ est simple comme une soirée adolescente. Simon se prépare pour aller à la fête d’Emma, sa meilleure amie. Ce soir, c’est décidé, il fait l’amour avec Méline. Quand on prend le livre dans l’autre sens, on découvre la version d’Emma. Elle se prépare à accueillir ses invités et pense même à changer les draps pour Simon. Mais pour elle, ce soir, l’objectif est de quitter Loïc : elle a compris que désir et amour ne vont pas toujours de pair. Cathy Ytak tricote si habilement son intrigue que l’histoire n’est complète qu’au travers des deux récits en miroir, avec un effet de chute parfaitement maîtrisé. La fête est totale : d’une main de maître, la romancière joue avec la boule à facettes de l’adolescence.