First Man de Damien Chazelle
Il l’a fait ! Neil Armstrong est en effet le premier homme à avoir marché sur la Lune, le 20 juillet 1969. De quoi créer une légende. Mais qui était vraiment cet Américain soudain devenu un héros mondial ? C’est tout l’enjeu de First Man, le dernier long- métrage du prodige Damien Chazelle qui, après Whiplash et La La Land, réussit une nouvelle prouesse cinématographique en dépassant le simple biopic bien exécuté. En se basant sur la biographie autorisée d’Armstrong, signée James R. Hansen, le cinéaste se concentre sur la dimension humaine de l’individu, à jamais traumatisé par la mort de sa fille et qui, avec une obstination sans faille, va chercher à conquérir la Lune. Comme s’il devait défier
Dieu. Cette quête de l’inatteignable semble être la projection du défi impossible – pourtant brillamment relevé – du metteur en scène à faire ressentir physiquement, jusqu’au malaise, le voyage spatial au spectateur. On songe alors à Kubrick, Spielberg – à The Tree of Life de Malick, aussi, dans les passages familiaux… L’exploit cinématographique est donc au rendez-vous (la photographie, le montage et le travail sonore ont de quoi impressionner), mais Chazelle n’oublie jamais les enjeux humains (la subtilité du jeu de Ryan Gosling n’y est pas pour rien). On pardonnera une musique trop présente et quelques scènes intimistes redondantes pour mieux saluer First Man, ce grand pas pour le cinéma…