Berlin confidentiel
Le nom de Tom Tykwer vous dit sûrement quelque chose. Révélé en 1998 par le frénétique Cours, Lola, cours, le cinéaste allemand a ensuite tracé un sillon singulier : du drame (Heaven) au thriller (L’Enquête) en passant par la science-fiction, avec le très ambitieux Cloud Atlas coréalisé avec les soeurs Wachowski. Après leur avoir prêté main-forte en réalisant deux épisodes de Sense 8, Tykwer a décidé de continuer à secouer le petit écran, cette
fois dans son Allemagne natale. Avec Babylon Berlin, il s’attaque à un roman de Volker Kutscher dont il adapte Le Poisson mouillé, premier volet des aventures de Gereon Rath. Située dans le Berlin interlope de l’entredeux- guerres, la série suit donc l’inspecteur Rath, dépêché depuis Cologne pour étouffer un scandale sexuel impliquant un haut magistrat. Flic incorruptible, femmes fatales, gangsters élégants : Babylon Berlin coche bien toutes les cases du roman noir, tout en le pervertissant avec une bonne dose de vice et de politique, un peu comme si Raymond Chandler rencontrait Fassbinder ! Plus qu’un patchwork cinéphile et littéraire, la série radiographie une société pas encore gangrenée par le nazisme, mais menacée par d’autres démons. À l’image de ses prestigieuses références, Babylon Berlin invite à gratter derrière le vernis de l’hédonisme pour mieux découvrir une réalité autrement plus effrayante. Mêlant avec brio petite et grande Histoire, la série demeure d’une extraordinaire modernité tant par sa forme que par son fond. Ne vous étonnez donc pas d’entendre, au détour d’une séquence, une version jazzy du Dance Away de Roxy Music, le célèbre groupe de Bryan Ferry, ce n’est que l’une des nombreuses surprises de cet excellent blockbuster télévisé ! (Depuis le 4 septembre sur Canal+)