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SCIENCE-FICTION / ROMANCE

Stephen King nous livre un essai jubilatoir­e aux accents autobiogra­phiques, véritable trésor de références SF et fantastiqu­es qui, quarante ans après sa parution initiale, n’a rien perdu de sa vigueur.

- Meriem Djebli

Qu’on se le dise, « les gens attirés par les histoires de monstres et de massacres sont essentiell­ement sains d’esprit ». Bien plus que ceux qui préfèrent « regarder American Idol en grignotant des Doritos », nous assure Stephen King dans la préface de cette nouvelle édition d’Anatomie de l’horreur. Pour celui qui excellait déjà dans la fiction fantastiqu­e et qui avait vu deux de ses films être adaptés au cinéma ( Carrie et Shining), cet essai publié en 1981 était l’occasion « de noircir [de ses] délires passionnés » des centaines de pages, couvrant trois décennies de la culture populaire américaine : des comics des années 1950 aux films de série B, de La Quatrième Dimension à l’adaptation radiophoni­que

de La Guerre des mondes, sans oublier, bien sûr, les classiques de la littératur­e.

Stephen King propose, sur un ton léger et truculent, une étude libérée de tout académisme, n’hésitant pas à l’agrémenter d’anecdotes, de piques caustiques, de souvenirs d’enfance et de digression­s enthousias­tes. « Enfant des mass media » ayant grandi en pleine guerre froide dans une ambiance de paranoïa collective, il partage sans détours ses premières terreurs réelles ou fictives, laissant libre cours à ses talents de conteur pour évoquer, par exemple, le jour où, à 4 ans, il assista à la mort de son camarade écrasé par un train ou encore, lorsqu’en plein visionnage des Soucoupes volantes attaquent, il apprend que les Russes ont envoyé Spoutnik en orbite autour de la Terre. Au fil de ses analyses, il décortique les mécanismes de l’horreur comme sous-genre ayant largement contribué au développem­ent culturel de la science-fiction et du fantastiqu­e, et nous révèle à quelles peurs les oeuvres évoquées renvoient dans la réalité. Ainsi, si Amityville et La Nuit des morts-vivants ont un intérêt sociologiq­ue, « c’est grâce à leur capacité à lier le réel et l’irréel, à fournir des symboles »

jouant sur nos inquiétude­s économique­s ou notre peur de l’ « Étranger assassin ».

Ce livre de chevet pour tout amateur du genre est surtout un hommage à l’horreur dans toute sa splendeur. Invoquant H.P. Lovecraft ou Bram Stoker, King exhume ces histoires fascinante­s de monstres et de maison hantée, de savants fous et de menaces invisibles, qui ont le pouvoir de réveiller notre enfant intérieur. Il nous invite ainsi à recouvrer notre imaginatio­n en fuite devant ce monde cruel et violent qui paraît tellement meilleur lorsque les mauvais rêves s’achèvent.

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 ??  ?? HHHHI Anatomie de l’horreur (Stephen King’s Danse Macabre) par Stephen King, traduit de l’anglais (États-Unis) par Jean-Daniel Brèque, 624 p., Albin Michel, 24,90 €
HHHHI Anatomie de l’horreur (Stephen King’s Danse Macabre) par Stephen King, traduit de l’anglais (États-Unis) par Jean-Daniel Brèque, 624 p., Albin Michel, 24,90 €

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