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Fermetures à tout-va

Véritable fléau, de plus en plus de librairies à l’étranger, vendant des livres en français, ferment leurs portes. Exemple en Espagne.

- Gladys Marivat

Àchaque fois, c’est pareil. Les pragmatiqu­es nous expliquent que c’est la crise, qu’on n’y peut rien, mais quand on apprend la disparitio­n d’une librairie, notre coeur se serre. En 2017, à Venise, Dominique Pinchi tirait une ultime fois le rideau de fer de sa librairie française. Après quarante ans d’existence, elle fut remplacée par

un restaurant. Cet automne, c’est au tour de la Librairie française de Madrid, seul lieu en Espagne qui vendait exclusivem­ent des livres dans la langue de Molière. La fin d’une histoire de plus d’un demi- siècle, commencée à bord d’une fourgonnet­te, et que relate le journal en ligne espagnol El Economista.

Nous sommes au début des années 1950. Henri Avellan arrive en Espagne, fuyant, comme tant d’autres piedsnoirs, les premiers soubresaut­s de la guerre d’Algérie. Très vite, il se rend compte qu’il est difficile de se procurer des ouvrages en français. Alors, il se coiffe d’un béret, posé de travers, et fait la tournée des écoles du pays. Le français est, à l’époque, la langue étrangère la plus enseignée en Espagne. Au printemps 1952, Henri Avellan inaugure sa librairie à Madrid. Les francophon­es et les élèves des deux lycées français de la capitale s’y pressent. C’est un succès.

Les années 1990 voient l’arrivée d’un nouveau gérant, Francisco Abad. La concurrenc­e d’Internet, notamment du site espagnol d’Amazon qui se lance dans les manuels scolaires en français, contrecarr­e ses efforts au cours de la décennie suivante. Dernièreme­nt, Francisco Abad ne vendait qu’ « un tiers du volume d’il y a quelques années, avec des marges plus faibles », explique-t-il à El Economista. Détail navrant, ses clients n’hésitaient pas à négocier les prix des livres au comptoir, sous prétexte qu’ils sont moins chers sur Internet.

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