Maxime Chattam*
Grand amoureux de Stephen King et de H.P. Lovecraft, l’auteur de L’Âme du mal rend hommage à l’un des maîtres du thriller horrifique français : Serge Brussolo.
J «’ aimerais mettre en avant Cauchemar à louer de Serge Brussolo ( publié en 1990 aux éditions Gérard de Villiers et réédité en 2008 au Masque), que j’ai lu vers l’âge de 15 ans. Ce livre m’avait terrifié par son sujet, mais surtout par la force de ses images : l’histoire d’une famille qui s’installe dans une maison isolée en pleine forêt où s’enracinent des légendes de bêtes sauvages. Il s’agit au final d’une relecture du mythe du loup-garou qui fonctionne très bien, essentiellement
parce que l’écriture nous happe, avec un sens du détail parfois effrayant ! Au-delà de ce roman, c’est l’auteur qui me fascine. Comment un romancier comme Serge Brussolo n’est-il pas devenu bien plus populaire en France ? Il a écrit énormément de livres, dont d’excellents récits fantastiques ou policiers ; il devrait être considéré comme le maître français du genre et, pourtant, assez peu de lecteurs le connaissent. Le Château des poisons est, par exemple, une leçon de narration policière dans un contexte a priori peu propice à ce genre. Je suis admiratif de ces véritables conteurs tels Barjavel ou Brussolo, et je regrette que leur héritage ne soit pas mis en valeur ainsi qu’ils le mériteraient.
Un écrivain comme Brussolo a semé une petite graine dans le lecteur que j’étais, il y a des années, et celle-ci a germé plus tard chez l’auteur que je suis devenu. Ma passion pour les récits où la réalité bascule peu à peu dans le fantastique, jouant sur nos peurs, ne serait pas la même sans lui, au même titre que l’influence qu’ont pu avoir King ou Lovecraft. Mon dernier roman, Le Signal, est né de ces histoires que j’ai aimé lire pour jouer à m’effrayer sous la couette. La peur, quand elle est traitée avec soin, est une noble émotion, rituelle à l’adolescence puis terreau de nostalgies euphorisantes avec l’âge. Je déclare ma flamme à ce jalon de l’humanité et à ces romanciers qui savent si bien l’illustrer. » Propos recueillis par Baptiste Liger * Dernier livre paru : Le Signal (Albin Michel)