Harry pépère
Lauréat du Grand Prix du roman de l’Académie française et du Goncourt des lycéens en 2012, La Vérité sur l’affaire Harry Quebert du Suisse Joël Dicker aura passionné plusieurs millions de lecteurs. Contre toute attente – mais de manière somme toute logique au regard de la structure du roman –, c’est à la télévision que l’histoire d’Harry Quebert, auteur et professeur de littérature renommé accusé d’un
double meurtre commis il y a trente ans, prend vie. Et comme la plume de Dicker ne pouvait se contenter d’un réalisateur lambda pour traduire ses mots à l’écran, c’est au cinéaste Jean- Jacques Annaud, déjà responsable de l’excellente adaptation du Nom de la rose d’Umberto Eco en 1986, que revient cette lourde responsabilité. Pour son baptême du feu télévisuel, le réalisateur oscarisé et multi-césarisé trouve ici un beau matériau avec ses twists à répétition et ses personnages troubles dignes des meilleurs thrillers hollywoodiens. À l’image du roman, son adaptation charrie elle aussi son lot de clichés allant de l’écrivain en mal d’inspiration à l’avocat prêt à tout, en passant par le flic bourru mais gentil. De même, on pourrait reprocher à la mise en scène d’être un poil trop académique, respectant à la lettre un cahier des charges typique des séries du samedi soir. Malgré tout cela, La Vérité sur l’affaire Harry Quebert * tient la route grâce à un judicieux travail d’adaptation – effectué par Annaud lui-même – qui aura habilement dégraissé les éléments les plus superflus de l’intrigue pour en garder la substantifique moelle : une réflexion à la fois intime et universelle sur les affres de la création, dissimulée sous les apparats de l’enquête criminelle.
* Depuis le 21 novembre sur TF1