Miroir d’une vie
Huitième pièce de Tennessee Williams, La Ménagerie de verre est l’une de ses plus émouvantes. Sans doute parce qu’à travers ce texte, qui lui ouvrit enfin, en 1944, les portes du succès, c’est de lui que parle le dramaturge américain, de ses déchirures, de ses ratages et, surtout, de sa jeunesse partagée entre sa mère et sa soeur.
L’action se déroule dans un petit logement de SaintLouis, juste après la crise de 1929. Elle met en scène une mère, Amanda, à la fois tyrannique, hystérique, pathétique et enfantine. Sa fille, Laura, boiteuse et neurasthénique, est aussi fragile que les petits
animaux de verre qu’elle collectionne. Et son fils, Tom, qui, claquemuré comme ouvrier dans une fabrique de chaussures, ne rêve que d’écriture et de liberté… Le trio devient quatuor quand, sur injonction d’Amanda, Tom invite Jim, l’un de ses collègues de travail, dans l’espoir que ce dernier devienne le galant de Laura. Mais l’entreprise tournera au fiasco, laissant chacun encore un peu plus dévasté.
Pour monter ce texte sans tomber ni dans un fantasmatique qui « dématérialiserait » ses personnages ni dans un pathos qui les alourdirait, il faut un metteur en scène doté de sensibilité et d’un grand sens de l’équilibre, entre réalisme et onirisme. C’est le cas de Charlotte Rondelez qui, sur le minuscule plateau du théâtre de PocheMontparnasse, signe l’une des plus subtiles Ménagerie de verre qu’on ait vues depuis longtemps. Épaulée par la très belle traduction d’Isabelle Famchon ( L’Avant- scène théâtre, « Quatre-vents »), elle a de la grâce, de l’émotion, de l’humanité et, aussi, plus inattendu, de l’humour. Ses quatre interprètes, tous irréprochables de sensibilité et de profondeur, participent à sa quasi-perfection.
La Ménagerie de verre, de
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Tennessee Williams, mise en scène par Charlotte Rondelez ; Théâtre de Poche-Montparnasse, Paris 6e. Du mardi au samedi à 21 heures, le dimanche à 17 h 30.