J.M. COETZEE EST-IL UN DÉFENSEUR DE LA CAUSE ANIMALE ?
Résolument végétarien, l’auteur sud-africain né au Cap affiche des positions proches de l’antispécisme – cette idée que l’espèce d’un animal ne doit pas influencer notre manière de le traiter ou de le considérer. Son dernier livre,
L’Abattoir de verre, accorde une grande place à ce sujet. À travers sept histoires morales, Coetzee met en scène son double littéraire, Elizabeth Costello, une écrivaine australienne vieillissante.
La nouvelle « Le Chien » met en question notre position omnipotente sur Terre à travers le désarroi d’une femme devant les aboiements d’un chien de garde. Plus loin, Costello vit avec des chats férals. Elle a choisi « de tourner le dos à [sa] tribu – la tribu des chasseurs – et de [se] placer du côté des chassés », priant pour un monde où les hommes n’auront plus droit de vie et de mort sur les autres espèces. À la fin du recueil, l’héroïne envisage de construire au coeur d’une ville un abattoir en verre pour réveiller les consciences. Et pointe notre ambiguïté. « Si nous sommes préparés à infliger la mort à autrui, pourquoi souhaitons-nous lui épargner la douleur ? »
Le livre se clôt par un reportage sur une fermeusine où les poussins mâles, qui ne font pas partie du « business plan », sont broyés pour être transformés en nourriture pour bétail ou en engrais.
« C’est pour eux que j’écris. Leur vie fut tellement brève, si facile à oublier », déclare Costello. À travers ses mots se dévoile, indéniablement, l’engagement profond de J.M. Coetzee.
L’Abattoir de verre par J.M. Coetzee (Seuil)