SCIENCE-FICTION/FANTASY

Véritable phénomène d’édition en Chine, la trilogie multiprimée de Liu Cixin s’exporte aujourd’hui dans le monde entier. Une fresque monumentale sur la question de la place de l’homme dans l’Univers.

On est toujours un peu fébrile à l’idée d’entamer le troisième tome d’une trilogie. Surtout lorsque les deux premiers nous ont tellement réjouis qu’on aurait pu s’en contenter. Avec La Mort immortelle, Liu Cixin clôt sa série par un final digne des plus grandes sagas. Commencée par Le Problème à trois corps et La Forêt sombre, la trilogie met en scène la confrontation épique, s’étalant sur plus de six siècles, entre l’espèce humaine et la civilisation trisolarienne, venue d’une planète soumise à des catastrophes climatiques fatales à sa survie. L’auteur y expose, avec brio et audace, ses théories pré-apocalyptiques et visionnaires, variant les styles, maîtrisant la narration, n’hésitant pas à ponctuer son récit de sauts dans le lointain passé (le siège de Constantinople) ou de récits mythologiques.

Après la Grande Crise et l’Ultime Bataille, l’humanité connaît une période de prospérité économique et technologique sans précédent. Mais les Trisolariens représentent toujours un danger. Le programme Escalier, dirigé par Cheng Xin, est donc mis en place dans le but d’envoyer le cerveau du scientifique Yun Tianming dans

le cosmos pour collecter des données et espionner l’ennemi. Dans des pages de vulgarisations scientifiques de haut vol, avec une exactitude et une vue impressionnantes, les personnages de Liu Cixin traversent les temps et les dimensions. Fusion nucléaire, ascenseurs spatiaux, courbure de l’espace-temps, cryogénisation, quatrième dimension sont passés au crible des dernières avancées scientifiques.

UNE AMBITION GLOBALE

Liu Cixin, né en 1963, lisait, enfant, Voyage au centre de la Terre en secret, pendant la Révolution culturelle qui interdisait tous les ouvrages venus d’Occident. Aujourd’hui, son oeuvre est louée par Barack Obama et intéresse particulièrement le gouvernement chinois en raison des questions qu’elle soulève, touchant au plus près des préoccupations contemporaines : course au progrès technologique, colonisation de l’espace, surpopulation, pénurie des ressources de la planète, etc. Du fin fond de la Mandchourie à la fin thermique de l’Univers, Liu Cixin ouvre ainsi la voie à une hard-SF qui, par son ambition globale, fait exploser les frontières.

La Mort immortelle par Liu Cixin (Acte Sud)

Meriem Djebli