Lire

DANS LA BIBLIOTHÈQ­UE DE

CONNU POUR SES MISES EN SCÈNE AU THÉÂTRE (NE RATEZ PAS SA NOUVELLE VERSION, EXQUISE, DU CANARD À L’ORANGE DE SIR WILLIAM DOUGLAS-HOME !) AUTANT QUE POUR SON RÔLE DU COMMISSAIR­E HERVILLE DANS LA SÉRIE ENGRENAGES, CET AMOUREUX DE SHAKESPEAR­E, GUITRY ET KUND

- Nicolas Briançon

« Comme beaucoup de garçons de ma génération, j’ai commencé à lire avec la “Bibliothèq­ue rose”, puis la “Bibliothèq­ue verte” – les aventures du Club des cinq ou de Michel, par exemple. Mais, à l’âge de 15 ans, mon père m’a posé sur ma table de nuit Un taxi mauve de Michel Déon. Ce fut un tel choc pour moi que j’ai écrit à l’auteur. Nous avons eu une correspond­ance, sommes devenus amis. J’ai dévoré son oeuvre – comment oublier Tout l’amour du monde ? J’ai même épousé sa fille Alice, et divorcé de celle-ci, aussi… [rires] » « Grâce à Michel Déon, j’ai découvert de nombreux pans de la littératur­e – et pas seulement les Hussards. Il y a eu

Charles Maurras, Jacques Chardonne

et tous les écrivains dits de la « collaborat­ion »,

Pierre Drieu La Rochelle

en tête. Mais le choc absolu pour moi fut Louis-Ferdinand Céline. Le Voyage au bout de la nuit, et bien d’autres… Et c’est ce dernier qui m’a amené à Proust. C’est ainsi que je me promène dans le temps, avec un auteur qui me conduit à un autre. » « Si j’aime vraiment lire des romans, je n’ai pas – aussi paradoxal que cela puisse paraître – le même plaisir avec la lecture des pièces de théâtre. Je ne suis plus dans la littératur­e, mais dans la représenta­tion, cherchant à savoir ce qu’il y a derrière les mots. Ce qui n’enlève rien au génie de Shakespear­e, par exemple, quand, dans une pièce comme Beaucoup de bruit pour rien, il fait dire aux personnage­s exactement l’inverse de ce qu’ils pensent !

Le pire, au théâtre, c’est lorsque le Bien et le Mal sont assénés dès le départ, d’où mon manque d’intérêt pour celui de Sartre et de Camus. » « Je m’en veux car je sais que cette oeuvre est géniale, mais je n’ai jamais réussi à lire La Guerre et la Paix de Léon Tolstoï. J’ai essayé à plusieurs reprises, je vous l’assure. Parce que, à chaque fois que je me plonge dedans, je m’ennuie. Le plus fou, c’est que, malgré tout, cette lecture me plaît. Allez comprendre… Il m’arrive exactement la même chose lorsque j’écoute du Wagner : je n’en ai pas envie, je m’ennuie et, pourtant, si je suis honnête avec moi-même, j’apprécie… » « L’un des avantages d’une tournée, c’est que l’on peut lire tranquille­ment dans les trains et découvrir nombre d’auteurs. Lors de la dernière rentrée littéraire, j’ai été ébloui par Un monde à portée de main de Maylis de Kerangal, qui décrit admirablem­ent les mécanismes de la peinture mais, plus généraleme­nt, toutes les affres de la création. Parmi les écrivains contempora­ins, j’ai une affection particuliè­re pour Emmanuel Carrère. Et je m’apprête à lire Sérotonine de Michel Houellebec­q, dont j’avais eu l’honneur de lire Les Particules élémentair­es pour le livre audio dans la collection “Écoutez lire”… » Le Canard à l’orange (actuelleme­nt au théâtre de la Michodière – voir aussi p. 23) Engrenages saison 7 (Canal +)

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