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JULIA PAVLOWITCH (ÉDITRICE À L’ICONOCLAST­E)

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« Il faut que l’auteur accepte de se laisser conseiller et guider »

D «ans la plupart des manuscrits de premiers romans, la structure du texte, les personnage­s, les décors, l’écriture appellent de très importante­s améliorati­ons. Mais, ce qui me fait m’arrêter sur un manuscrit, c’est lorsque, au bout de quelques pages, malgré les défauts, aussi importants soient-ils, j’ai envie de continuer à lire. Car des détails, des images, la force d’évocation du texte, l’ambiance m’ont hameçonnée et ont provoqué mon imaginaire. Je me dis alors qu’il y a peutêtre un roman à faire naître si l’auteur est disposé à remettre en question cette version et à beaucoup la retravaill­er. Il faut qu’il accepte de se laisser conseiller et guider. Savoir mobiliser une grande qualité d’écoute et d’interactio­n avec son éditeur est nécessaire ; dialoguer et imaginer ensemble pour que l’écrivain en herbe puisse révéler tout ce qui était en germe dans son manuscrit initial. C’est comme mettre en scène un jeune comédien qui manquerait d’expérience mais dont le talent serait déjà là. Un bon manuscrit de premier roman, c’est comme un diamant brut, il faut le tailler pour révéler toute sa beauté. L’auteur doit désirer ce travail en équipe et y prendre du plaisir. Un primo-romancier doit posséder des capacités d’écoute, d’empathie et de remise en question. A priori, c’est aussi ce que l’éditeur doit savoir s’appliquer à lui-même. »

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