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3 QUESTIONS À… MARCO KOSKAS

- Propos recueillis par H.A.

Sélectionn­é sur la première liste du prix Renaudot à l’automne dernier, Bande de Français a provoqué une vive passe d’armes entre son auteur et les libraires, car il s’agissait d’un roman autoédité sur Amazon. Retour sur la polémique avec Marco Koskas.

Comment jugez- vous la polémique suscitée par votre nomination au prix Renaudot 2018 ?

• Marco Koskas. Ma théorie est que ce livre a été avant tout refusé par tous les éditeurs pour des raisons idéologiqu­es : je suis un écrivain juif, sioniste, soutien de l’État d’Israël, à rebours de l’esprit qui règne en France. J’ai quitté celle- ci pour Tel- Aviv en 2011. Alors, oui, un concours de circonstan­ces commercial­es, idéologiqu­es et personnell­es a fait que le livre a été massivemen­t rejeté par les éditeurs français. Mais j’ai une chance folle. Et un goût pour la liberté, que procure ce moyen d’édition. Quelle liberté ?

• M.K. D’abord, Amazon ne se prétend ni lecteur ni éditeur, mais juste diffuseur. Il réinvente le commerce de détail : s’il y a un acheteur, il imprime un exemplaire ; s’il y en a dix, il en imprime dix. Il n’y a donc pas d’invendus. D’un autre côté, il ne vous demande pas d’argent, contrairem­ent aux éditeurs à compte d’auteur. Beaucoup de ceux qui sont édités par des maisons classiques sans pour autant vendre beaucoup vont finir, je le pense, par se poser la question de l’autopublic­ation. J’ai vendu environ 8 000 exemplaire­s du livre. La version papier est au prix de 11 euros, et je touche 3 euros par livre. La version numérique se vend à 3,90 euros et me rapporte 2,70 euros. C’est donc trois fois mieux payé que chez un éditeur « normal » . De plus, Amazon paie chaque mois… Pour moi, le sens de tout ça, c’est que le modèle économique de l’édition est en voie de disparitio­n. On ne peut pas fonctionne­r sur un système de surproduct­ion et de cavalerie comptable comme le font les éditeurs français. C’est périmé. Votre nom ayant été sur le devant de la scène, on peut se demander si un éditeur ne voudra pas vous reprendre pour le prochain…

• M. K. J’ai fini mon nouveau livre. Pour l’instant, mon agent Olivier Rubinstein s’en occupe. Il est en négociatio­ns avec deux éditeurs en France. Mais si elles n’aboutissen­t pas, je le publierai encore sur Amazon…

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