3 RAISONS DE LIRE… FÉROCES INFIRMES
D’ALEXIS JENNI
RENOUANT AVEC LE RÉCIT FAMILIAL ET NATIONAL, L’AUTEUR REPREND LE FIL DE L’ART FRANÇAIS
DE LA GUERRE (GONCOURT 2011).
Sur les hauteurs de Lyon, un homme promène son père, quasi octogénaire et en fauteuil roulant. À 20 ans, celui-ci avait été mobilisé pendant la guerre d’Algérie. Depuis, il ne parle que de ça. Il faut que cesse « ce radotage, cette vitupération et cette hargne, que ça s’arrête, ce récit de sa jeunesse violente qu’il radote à chaque tour avec de nouveaux détails » , pense le fils, sans savoir comment faire pour comprendre et aimer son père. Là encore, l’axe mémoriel du livre est le destin d’un Français entre 1944 et nos jours. ALEXIS JENNI Y RACONTE CE QUE LA MÉMOIRE FAMILIALE NE PEUT DIRE.
« Je ne sais plus quoi faire des souvenirs de mon père, je ne sais pas où les mettre, j’aimerais que ça s’arrête. Mais c’est mon père. C’est son passé, et c’est le mien, et c’est aussi le vôtre. » Avec force détails, furie et lyrisme, l’auteur lève le voile sur ce passé et cette guerre qu’un jeune des années 1960 ne voulait pas faire : les pratiques d’un régiment en Kabylie et à Alger, le retour en métropole des soldats et des pieds-noirs, l’OAS… FÉROCES INFIRMES RÉVÈLE L’OMNIPRÉSENCE DE LA FUITE ET DE LA VIOLENCE CHEZ LES HOMMES.
Trois parties composent le roman :
« Le temps des pères », « Le monde des hommes » et « Le chemin des fils ». Si la deuxième raconte les activités du père entre 1959 et 1961, les voix de ce dernier et de son fils alternent dans les deux autres – le passé et le présent. Une force sous-jacente se libère alors : le cri du pardon, qui broie la morale de l’Histoire, touchant au but et au coeur.