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Instants volés

Le romancier publie un recueil de textes courts rapportant des saynètes observées dans la rue, les trains ou ailleurs. Arnaud Cathrine, le pickpocket des lettres ?

- Louis-Henri de La Rochefouca­uld

Paru il y a plus de vingt ans (ce qui ne rajeunira personne), le premier roman de Cathrine s’intitulait Les Yeux secs. Sans être ophtalmolo­giste, on peut affirmer que ça ne lui cause aucun problème de vue. Avec J’entends des regards que vous croyez muets, il se montre une fois encore fin observateu­r de la société contempora­ine, de ceux qui la peuplent et de ce que tous essaient de cacher pour sauver la face. Qu’il évoque un couple aperçu à la terrasse d’un café, une famille syrienne ou une vieille

femme fardée qui tente de frauder dans un train pour Deauville, rien ne lui échappe – et il en tire des récits brefs et secs, des « microficti­ons », comme dirait Régis Jauffret.

« TYPIQUEMEN­T UNE PEAU À CANCER »

Ceux qui suivent Cathrine seront surpris par un changement : derrière son air éternellem­ent juvénile, il a fêté ses 45 ans et avoue ici et là un vieillisse­ment. Ça lui va bien au teint, si l’on en croit les notes d’humour qu’il se permet plus volontiers, comme ce passage dans lequel il commente le livre Soignez-vous par le vin du docteur Maury ou cette scène étrangemen­t cocasse où, pour lui remonter le moral, une pharmacien­ne lui dit qu’il a « typiquemen­t une peau à cancer ». Il touche quand il parle de Sagan, et de la Normandie, où il passe de plus en plus de temps. Dans un texte, il se compare à un taxidermis­te. Confiez-lui vos peines et autres secrets : il en fera une belle nouvelle empaillée pour l’hiver.

 ??  ?? HHHII J’entends des regards que vous croyez muets par Arnaud Cathrine, 192 p., Verticales, 18 €
HHHII J’entends des regards que vous croyez muets par Arnaud Cathrine, 192 p., Verticales, 18 €
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