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Le fils du puisatier

L’écrivain turc Orhan Pamuk analyse avec brio les relations pèrefils et l’importance des coutumes qui font l’histoire d’un pays.

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Istanbul, été 1985. Pour gagner un peu d’argent avant d’entrer à l’université, Cem travaille pour une librairie du marché de Besiktas et découvre, dans un livre consacré à l’interpréta­tion des rêves, le mythe d’OEdipe. Le jeune garçon se remémore alors son père, disparu du jour au lendemain. Quelques semaines plus tard, Cem est embauché par Mahmut, maître puisatier, pour la constructi­on d’un puits dans les environs d’Istanbul. La rudesse de la tâche est compensée par la bienveilla­nce paternelle de son maître et par les sorties à Öngören, le village voisin. Un soir, Cem fait la connaissan­ce d’une comédienne à la chevelure rousse, dont il tombe éperdument amoureux. Délaissant son travail d’apprenti puisatier, il ne rêve plus dès lors que de devenir dramaturge et de suivre sa belle sur les routes. Les années passent. Cem n’est pas devenu écrivain mais géologue, un métier qui lui

rappelle sans cesse son ancien maître et sa trahison à l’égard de celui qui l’avait accueilli comme un fils. « Était-il possible de prétendre qu’il ne s’était rien passé ? Dans un puits à l’intérieur de ma tête, Maître Mahmut continuait à creuser la terre à coups de pioche. »

DE L’IMPORTANCE DES TRADITIONS

Magistrale réflexion sur les mystères de la relation père- fils, ce récit aux allures de conte moderne convoque avec force les mythes anciens des traditions ottomane et perse pour les confronter aux us et coutumes de la Turquie d’aujourd’hui. Déplorant l’oubli de ces traditions millénaire­s, l’auteur rappelle leur capacité à éclairer un monde contempora­in dans lequel tout semble aller trop vite, et l’importance de toute action, négative ou vertueuse, dans la destinée d’un individu. Avec l’alchimie érudite dont il a le secret, et qui a construit la réputation d’une oeuvre auréolée en 2006 du prix Nobel de littératur­e, Orhan Pamuk poursuit son travail d’observateu­r et de biographe de son pays et livre, avec La Femme aux cheveux roux, un roman sensuel et inoubliabl­e. L.F.

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La Femme aux cheveux roux (Kirmizi Saçli Kadin)
par Orhan Pamuk,
traduit du turc par Valérie GayAksoy, 304 p., Gallimard, 21 €. En librairie le 14 mars.
HHHHH La Femme aux cheveux roux (Kirmizi Saçli Kadin) par Orhan Pamuk, traduit du turc par Valérie GayAksoy, 304 p., Gallimard, 21 €. En librairie le 14 mars.
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