« Le monde du football a tout à voir avec le polar »
Le champion du monde Emmanuel Petit s’est associé à l’un des patrons marseillais du genre, Gilles Del Pappas, pour Dernier tacle, un premier roman prenant et finement construit. Une reconversion réussie alors qu’on annonce déjà des suites à ce polar de footeux engagé. Entretien avec l’ex-Bleu.
Devenir écrivain après une carrière de footballeur est plutôt rare. Comment s’est passée votre entrée dans le monde littéraire ?
• Emmanuel Petit. Je suis d’abord un grand lecteur, même quand j’étais joueur. Et puis l’écriture s’est imposée à moi. J’avais ce besoin irrépressible de coucher sur une feuille blanche ce que je pouvais ressentir, parce que j’étais d’un naturel introverti avec une certaine violence à canaliser. À la fin de ma carrière, il y a eu le cliché du passage par la case autobiographie. Je suis ensuite devenu très direct et surtout très vindicatif sur le monde du foot, dans des livres engagés qui m’ont valu beaucoup de critiques. Basculer dans la fiction, c’est donc un moyen de me protéger, de pouvoir dire ce que je veux sous couvert d’une histoire inventée. Pourquoi avoir collaboré avec Gilles Del Pappas pour l’écriture de ce premier roman ?
• E.P. Il y a deux ans et demi, nous avons tous deux été contactés pour écrire un roman à quatre mains. Je ne connaissais pas Gilles, j’ai découvert son oeuvre et nous avons tout de suite accroché. J’aime sa bonhomie, il est de l’ancienne génération, un peu bougon et en même temps tellement humaniste. Le projet a mis un peu de temps à se concrétiser, mais il fallait qu’on publie cette histoire, on tenait quelque chose. Cette enquête, menée par une femme autour d’une série de meurtres à l’Olympique de Marseille, est un vrai roman policier, haletant, qui porte un message. J’ai essayé d’y retranscrire le monde impitoyable du football, et Gilles a consolidé le récit avec sa maîtrise des codes du polar.
L’univers footballistique est-il un bon sujet de polar ? • E.P. Le monde du football a tout à voir avec le polar parce que c’est un domaine où les enjeux politiques, sociaux et économiques sont tellement forts qu’ils sont à l’origine de règlements de comptes. Il n’y a qu’à observer ce qui se passe avec les grandes instances. Le foot ressemble parfois à O.K. Corral ! C’est ce que je voulais montrer dans Dernier tacle, mais en mettant en scène de véritables victimes du football. Et de vrais macchabées ! Propos recueillis par Léonard
Desbrières