Machin, l’homme derrière la machine
Dans son nouveau livre, Maryline Desbiolles met sous les feux des projecteurs ce pionnier du cinéma aussi méconnu que novateur, maître de la comédie animalière des années 1920.
Alfred Machin… Derrière ce nom étrange, ressemblant davantage à un pseudonyme, se cache un véritable pionnier du cinéma. Né en 1877 dans le Pasde- Calais, Alfred Machin commence sa carrière comme reporter- photographe de presse. En 1907, il est recruté par la firme Pathé et s’envole pour l’Afrique d’où il rapporte de saisissantes images de chasse, filmées au plus près des grands fauves. Une
performance acclamée par la critique qui lui permettra, par la suite, d’enchaîner les expéditions, en rapportant d’incroyables images et autant de longs et courts métrages réalisés entre 1907 et 1911.
Puis le cinéaste décide de se poser à Nice où il se consacre à la direction de la photographie pour les marques Comica et Nizza, succursales de Pathé spécialisées dans la farce et le film animalier. En 1912, Pathé le nomme directeur artistique de la Belge Cinéma Film, où il aura pour mission d’exploiter le premier studio du pays. Installé au château du Karreveld, il y fera installer d’immenses infrastructures dont un minizoo qui lui servira pour le tournage de ses comédies animalières. C’est également là qu’il réalisera le prophétique Maudite soit la guerre, mélodrame pacifiste tourné à la veille de la Première Guerre mondiale. Mobilisé par l’armée française, Alfred Machin est à l’origine des célèbres images de la bataille de Verdun et des plans de tranchées françaises qui serviront à D.W. Griffith pour son film Coeurs du monde.
Peu après la guerre, il ouvre ses propres studios à Nice, faisant tourner sa femme, Germaine Lecuyer, et son fils Claude. Dresseur d’animaux passionné, il en fait les stars de ses films, à l’instar d’Auguste, un chimpanzé domestiqué pour qui il se prendra d’affection. Une passion qui lui sera fatale puisqu’il décède d’une embolie, peu de temps après un grave accident à la poitrine causé par l’une de ses panthères. Une histoire incroyable qui sert de fil rouge à Machin, cette biographie romancée du cinéaste dans laquelle Maryline Desbiolles rend hommage à la ville de Nice via l’une de ses figures les plus emblématiques.
Machin par Maryline
Desbiolles, 144 p., Flammarion, 15 €