SØREN SVEISTRUP, SANG FILTRE
Le premier thriller du créateur de la série The Killing respecte les codes du genre tout en réservant au lecteur de belles surprises. Présentation.
Déclic », « challenge », « tradition »: lorsque nous le rencontrons à Copenhague, en cette fin février, Søren Sveistrup bat un sacré tempo en parlant de son (premier) roman. Car, avant tout, le Danois est le créateur et le scénariste de séries télévisées dont la plus célèbre reste la version originelle de The Killing (Forbrydelsen), quarante épisodes entre 2007 et 2012 – la version américaine, plus connue, n’étant que le remake. Entre autres scripts pour le grand écran, Sveistrup a également participé au scénario de l’adaptation,
par Tomas Alfredson, du Bonhomme de neige de Jo Nesbø. Lorsqu’il revendique « une filiation avec la tradition scandinave du roman policier » , ce quinquagénaire sait de quoi il parle.
Octobre repose sur un dispositif de chapitres courts, narrés au présent (« Une narration sans filtre, chose très importante pour moi »). Situé « de nos jours » sans plus de précisions, s’écoulant tout au long du mois qui sert de titre au livre, ce thriller s’ouvre sur le cadavre d’une femme, dans la banlieue de la capitale danoise. À côté du bras amputé de sa main, des marrons et des allumettes forment un petit bonhomme comme en font les enfants. Au long des centaines de pages à venir, la jeune inspectrice, Naia Thulin, et son acolyte, Mark Hess, découvriront d’autres cadavres et la même mise en scène. Mais l’un d’eux porte les empreintes de la fille d’une ministre… pourtant enlevée un an plus tôt. Tout le mérite d’Octobre est d’aller sensiblement plus loin que les procédures habituelles d’un cold case classique. Ministre, policiers, familles : tout le monde cherche autre chose ici. Une force, un lien, une voie, une vérité. Un supplément d’âme qui fait tout l’intérêt du roman.