ÉCRITS ET CHUCHOTEMENTS
Dans ce second volume de Mémoires et à la faveur de son propre parcours, l’écrivain britannique David Lodge nous livre un aperçu des milieux universitaire et littéraire des années 1970 à 1990.
Ce que les Français aiment dans les romans de David Lodge, « c’est cette combinaison de comédie et d’humour avec des thèmes sérieux et des intrigues captivantes ». Voilà, en tout cas, l’analyse de l’auteur, expliquant aussi sa popularité dans l’Hexagone par « les deux sources principales de leur matière thématique et narrative [qui] sont la vie universitaire et la religion catholique ». S’il est (un peu) question de la seconde, la première est bien davantage mise en avant dans ces quelque cinq cents pages. Et, comme toujours chez Lodge, le quotidien des campus est à nouveau intrinsèquement mêlé à la création littéraire. Dans ce second volet de ses Mémoires (le premier, Né au bon
moment. 1935-1975, évoquait sa jeunesse et ses premières expériences de plume), David Lodge revient sur sa vie d’auteur et de professeur, du milieu des années 1970 au début des années 1990 – « des décennies passionnantes en Grande-Bretagne à la fois pour le roman et la critique littéraire ». Il est loin, ce temps de controverses théoriques sur la métafiction… S’appuyant non seulement sur ses souvenirs, mais aussi sur sa correspondance, ses agendas et autres documents, La Chance de l’écrivain vaut ainsi pour sa grande précision documentaire – tant sur les très nombreux déplacements (colloques, voyages promotionnels, aux États-Unis, en France, en Pologne ou en Asie) que sur sa vie privée ou sur les rouages de l’université britannique
(ou autre), croqués avec cette malice et ce sens de l’anecdote truculente qu’on connaît depuis bien longtemps. On voit là tout ce qui a pu inspirer des titres comme Jeux de maux ou Un tout petit monde. Mais La Chance de l’écrivain s’avère un témoignage passionnant, non seulement sur l’évolution du milieu littéraire, mais aussi sur ce que représente la publication d’un livre, de son écriture à sa réception – tant critique que public – en passant par le rendu du manuscrit, le travail de l’éditeur ou les diverses potentielles distinctions. Que l’on remporte, parfois, avec un peu de « bonne
fortune »…