Une nuit au musée
Expériences nocturne ou diurne, les expositions n’en finissent pas de révéler des trésors.
Quel amoureux de l’art n’a jamais rêvé de passer une nuit entière, sans surveillance, à déambuler dans les salles d’un musée ? Lydie Salvayre, lauréate du prix Goncourt 2014, a obtenu le privilège inouï d’investir, le temps d’une parenthèse enchantée, l’hôtel Salé, qui accueillait, à ce moment- là, l’exposition « Picasso-Giacometti ». Mais, comme elle le raconte dans son roman Marcher jusqu’au soir, elle n’en a pas profité, réfractaire à ce type d’institution,
selon elle commerciale, où grouillent les touristes qui s’agglutinent devant les oeuvres. Face à L’homme qui marche de Giacometti, ses pensées vagabondent ( ses racines espagnoles, son père violent), mais la rencontre intime avec la sculpture qu’elle chérit tant n’a pas lieu. Bien que démonstratif, le récit interpelle par sa manière unique d’entrelacer une réflexion torturée sur le monde de l’art, parfois replié sur lui-même, avec les préoccupations de l’auteure, confrontée à sa peur de la mort. Qui se réconcilie malgré tout avec le musée Picasso…
Il ne pourrait en être autrement, tant ce lieu est magique. Comme en témoigne la nouvelle rétrospective qui confronte le génie pluridisciplinaire andalou à Alexander Calder, son contemporain américain minimaliste, connu pour ses mobiles. Les maîtres modernes dialoguent en parfaite harmonie et se complètent à merveille, dans une réflexion passionnante et foisonnante sur l’exploration du vide. Le parcours, savant mais en même temps accessible à tous, présente 120 pièces qui retracent les expérimentations, de la figuration à l’abstraction, des deux virtuoses épris de liberté. Marcher jusqu’au soir par Lydie Salvayre, 220 p., Stock, 18 €. En librairie le 3 avril. « Calder-Picasso », musée Picasso, Paris 3e. Jusqu’au 25 août.