Adieu les parents !
Alice Zeniter Antoine Philias et dépeignent ici une jeunesse tentant, à sa manière, de faire face à la catastrophe sociale qui menace.
Tout commence par un énigmatique échange de SMS. Anna et Elijah ont traversé quelque chose d’intense. Le lecteur dispose juste de certaines indications, mais elles sont suffisantes pour avoir envie de glisser dans l’histoire : « Cleveland », « garde à vue », « C’est la merde prévue, peut-être pire »… Le titre qui suit claque encore plus fort, « Le vaste bordel ». Lecteur, il faut plonger ! Ce roman retrace l’aventure d’une bande d’adolescents à Cleveland, en 2008, en pleine crise des subprimes. Ils sont une douzaine à se retrouver dans un lycée laissé à l’abandon, le « home sweet home » du titre. Une seule règle régit leur communauté : avoir moins de 21 ans et refuser de suivre
ses parents dans la catastrophe annoncée. Anna pense le lycée comme une société où les gamins peuvent apprendre. Est- il possible de refaire un monde loin des adultes ?
Ce texte, écrit à quatre mains par Alice Zeniter et Antoine Philias, retrace une parenthèse révolutionnaire et utopique. Le point de vue d’Elijah, étiqueté « fils de bourge », alterne avec celui d’Anna, fille d’émigrés polonais, propulsée « chef » de la bande. Le récit est touchant, engagé, fort. En toile de fond, la crise des subprimes amène à un questionnement passionnant sans jamais devenir le prétexte de ce roman qui conserve une belle sincérité. Les propos politiques de ces deux ados en recherche d’un idéal sont émaillés de réflexions habiles.