L’inspiration est dans le pré
Le monde végétal ne possède pas que des qualités esthétiques, ornementales et pratiques. Stefano Mancuso nous montre à quel point la plante est capable de s’adapter à son milieu et d’en tirer le meilleur parti. Elle est également source d’inspiration pour des réalisations humaines, comme le prouve cette étude étonnante.
Les plantes couvrent tous les continents. Leur diversité nous stupéfie. Leur utilité, aussi : elles nous fournissent nourriture, médicaments et drogues, fibres et bois. Trente et un mille espèces ont été étudiées. De nouvelles sont découvertes chaque année. Pourtant, leurs qualités ne sont pas encore assez reconnues. Stefano Mancuso, professeur à l’université de Florence où il dirige le laboratoire international de neurobiologie végétale, a décidé de combler cette lacune. Après avoir publié un best-seller sur leur intelligence, il va plus loin avec La Révolution des plantes. Non seulement les plantes ont un génie méconnu, mais elles inspirent aussi des réalisations futuristes.
DES CAPACITÉS EXTRAORDINAIRES
Arbres, buissons, herbes ne peuvent se déplacer comme les animaux, mais ne sont pas aussi tranquilles qu’il y paraît. Pour produire de l’énergie, résister aux adversaires, s’implanter en milieu hostile ou constituer des coopératives, les plantes sont championnes. L’auteur montre comment elles mémorisent malgré leur absence de cerveau, comme le mimosa qui referme ses feuilles quand on l’effleure ; de quelle manière elles
régulent les flux osmotiques sans posséder de muscles, comme la pomme de pin pour libérer ses graines ; ou encore comment elles imitent une autre plante ou une pierre pour se cacher des prédateurs. Elles se servent du vent, des oiseaux et des animaux pour se multiplier et coloniser de nouvelles terres. Un chapitre exceptionnel nous apprend comment la passion du piquant chez les humains – les capsicophages – a permis au piment de s’installer partout. Les capacités extraordinaires des plantes ont ainsi inspiré des réalisations technologiques inattendues. Les immenses feuilles de la Victoria amazonica ont guidé les créateurs du fameux Cristal Palace pour l’Exposition universelle de Londres de 1851. Les architectes du terminal 5 de l’aéroport Kennedy, à New York, l’ont aussi prise pour modèle. Le figuier de Barbarie, qui a mis au point un système sophistiqué de capture d’eau, et les feuilles du Welwitschia mirabilis ont servi de base à la tour Warka Water, de l’italien Arturo Vittori, pour amener de l’eau dans des zones sèches de l’Éthiopie.
D’autres inventeurs étudient les plantes résistantes au sel pour créer les champs futurs du Jellyfish Barge, capables de dessaler l’eau de mer grâce au soleil. D’autres encore copient des végétaux pour fabriquer des robots spécifiques. Pour s’installer dans l’espace et vivre sur Mars, les hommes auront besoin de plantes pour se nourrir, mais surtout pour leur équilibre psychique. Enfin, Mancuso fait remarquer que ce monde botanique n’a pas de chef ni de subordonnés. Il en tire des conclusions pour nos démocraties, qui supposent une vraie révolution.