MAGAZINE

Des bancs de Sciences-Po à l’ambassade de France au Sénégal et en Gambie, de la faculté de médecine à la présidence d’Action contre la faim, du Goncourt du premier roman au fauteuil 28 de l’Académie française, la trajectoire de Jean-Christophe Rufin a de quoi nourrir quantité d’oeuvres romanesques. Si son expérience du terrain l’invite à démystifier l’action humanitaire ( Les Causes perdues, Check-point), son appétence pour l’histoire transporte ses personnages en terres inconnues ( Rouge Brésil, entre autres), qu’ils fassent cavalier seul ou équipe avec leur tendre moitié. Après l’improbable duo formé par Maurice et Aphanasie (Le Tour du monde du roi Zibeline), voici les « je t’aime moi non plus » Edgar et Ludmilla, sept fois mariés et peut-être autant de fois divorcés (loin de nous l’idée de vous dévoiler la fin), embarqués dans « un voyage enchanté dans leur siècle » sous le titre ad hoc de Les Sept Mariages d’Egdar et Ludmilla (Gallimard). Enchantée, leur rencontre ne l’est pas tout à fait : issue d’une famille de koulaks « que le stalinisme devait livrer aux persécutions et à l’infamie », Ludmilla se fait passer pour folle afin de déjouer les assauts que sa beauté singulière ne manque pas de susciter, quand elle tombe (littéralement) sur Edgar, apprenti photographe tentant de relier Paris à Moscou. Premier mariage, bientôt ruiné par le manque d’argent. L’un joue de ses charmes pour monter quelques escroqueries quand sa belle rayonne sur la scène des plus grands opéras. Et leurs chemins ne devaient dès lors plus finir de se rencontrer. Laëtitia Favro