BANDE DESSINÉE
Dans ce nouvel album, l'illustratrice et coloriste Barbara Baldi sublime son personnage et la peinture, devenue son refuge.
Barbara Baldi n’est pas illustratrice par hasard. On retrouve dans ses images la simplicité et la force des plus beaux livres illustrés pour la jeunesse. Mais la jeune héroïne d’Ada, un conte terrible sombrement et superbement peint, est déjà une femme faite, capable d'une opiniâtre énergie contre un environnement hostile. Celui des Alpes autrichiennes, en 1917. Non loin de Vienne, le monde d’Ada est cependant une sorte d’enfer sur terre où elle se retrouve condamnée à rester seule, en tête à tête avec un père violent et tyrannique qui passe son temps à rudoyer cette fille dans laquelle il reconnaît les mauvais penchants de son épouse – pour les livres, pour l’art et pour toutes ces choses qui mettent de méchantes idées dans la tête des femmes. Ada comprend que sa mère n’est pas morte mais qu’elle a quitté son mari. Cette révélation va lui permettre de mieux résister à la tyrannie. À l'époque et dans
le pays de Gustav ( Klimt) et d’Egon (Schiele), cette résistance s’appellera la peinture, à laquelle Ada se livre dès que son bourreau a le dos tourné. Elle fabrique ellemême certains de ses pigments avec des baies cueillies dans les bois environnants et en reçoit d’autres clandestinement de la part d’un jeune amoureux de la ville, qui les dépose avec des cahiers dans le creux d’un arbre.
Tout va mal se terminer pour le père et – peut-on penser – bien finir pour la fille, mais l’essentiel, à la lecture, n’est pas là. Puisqu’il s’agit d’un conte de Noël noir et d’un album de BD qui va vous envoûter, avec une forte évidence graphique et chromatique, une belle science des paysages, des visages et des atmosphères. Barbara Baldi a le talent d’Ada et sa radicalité taiseuse ( les dialogues sont ici réduits à leur plus simple expression) et, bien entendu, le livre est dédié « à ceux qui résistent ».