SUR LE TERRAIN AVEC OLIVIER NOREK
Pour avoir manié le flingue, il n’en manie pas moins bien la plume et excelle, pour l’avoir côtoyé de près, à dépeindre un univers glauque où crimes et assassins sont de rigueur.
H.A.
Gardien de la paix à Aubervilliers, en poste à la police judiciaire au service financier, puis au groupe de nuit chargé des braquages, homicides et agressions, Olivier Norek finit par rejoindre le SDPJ 93. En 2013, il publie son premier roman Code 93, qui inaugure une trilogie avec le personnage du capitaine Victor Coste. Dans Surface, son nouveau roman, l’auteur se glisse cette fois dans la peau de Noémie Chastain, capitaine à la PJ parisienne, où elle était respectée autant qu’admirée. Mais ça, c’était avant. Avant qu’une opération menée à l’aube ne tourne mal, et qu’un tir de fusil à pompe ne la défigure. Remise sur pied, mais visage et esprit traumatisés, elle est déclarée inapte au terrain, envoyée poursuivre
sa convalescence dans le plus petit commissariat de France : Decazeville, dans l’Aveyron, où le dernier fait criminel remonte à cinq ans. Une zone où la police est obligée de travailler avec la gendarmerie. Mais la hiérarchie nationale a inclus une mission officieuse dans la mesure d’éloignement de Chastain : établir un rapport en vue de fermer le commissariat de campagne. Sans quoi, elle pourrait y rester… Mais à peine arrivée, un cold case refait surface après vingt-cinq ans d’oubli, lié à la découverte d’un squelette d’enfant. Avec lui, les conditions dans lesquelles on avait construit un barrage, inondant des terres dont les secrets émergent. Pas facile d’enquêter pour une femme dont le visage de zombie effraie tout le monde. Pas facile, non plus, de récupérer l’estime de soi, quand la simple pratique de son métier contredirait les ordres et mettrait un terme à sa carrière. De plus en plus aguerri aux codes du grand roman noir, Norek va bien au-delà de la simple opposition entre la mission et la morale. Dans une intrigue qui en dit long sur des décennies de ruralité française, il se met au « rural noir », et c’est une réussite.