La Suisse a-t-elle envahi le Liechtenstein ?
Un tour du monde, drôle ou dramatique, mais toujours instructif, de guerres largement méconnues, avec Bruno Fuligni et Bruno Léandri pour guides.
Dans la soirée du 28 février 2007, par une météo déplorable, une colonne de 170 soldats suisses se perd à la tombée de la nuit et pénètre sans le savoir au coeur du petit Liechtenstein ( 160 kilomètres carrés). Constatant sa bévue, l’officier ordonne aussitôt le retrait. Les habitants n’auraient rien su si, quelques jours plus tard, l’AFP n’avait pas publié une dépêche : « L’armée suisse envahit le Liechtenstein par erreur », rappelant au passage qu’en 1985 une pluie de
roquettes helvétiques s’était déjà abattue sur la principauté. Dans cette affaire, le porteparole de sa majesté HansAdam II aura été fair- play, déclarant : « Ce n’est pas comme s’ils avaient envoyé des hélicoptères d’attaque. » On imagine mal Voyage au bout de l’enfer à Vaduz, la capitale.
Cet incident constitue l’un des 40 et quelques chapitres rondement menés des Guerres stupides de l’Histoire, depuis la guerre de Troie (1300 av. J.-C.) à celle, commerciale, « des frites » ( 2018), lorsque la Colombie décida de taxer lourdement Belges, Néerlandais et Allemands. Bruno Fuligni et Bruno Léandri font feu de tout bois, entre cocasserie et tragédie selon les conflits, souvent méconnus sous nos latitudes. Prenons la guerre du Chaco (1932-1935). Pour les lecteurs de l’album de Hergé L’Oreille cassée, c’est une guerre picrocholine. En réalité, elle a opposé la Bolivie (250 000 hommes) et le Paraguay (150 000) sur la souveraineté d’un territoire de 250 000 kilomètres carrés. Ces deux pays au nationalisme blessé, l’un par la perte de sa façade maritime, l’autre par la raclée administrée par la « triple alliance» Brésil-Argentine-Paraguay ,soixante ans plus tôt, ne se font pas de cadeau. On déplorera au total 100 000 morts, un chiffre énorme à proportion des effectifs. On est loin des facéties du général Alcazar !
Emmanuel Hecht HHHII Les Guerres stupides de l’Histoire par Bruno Fuligni et
Bruno Léandri, 272 p., Les Arènes, 17 €