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Permanent Green Light

de Dennis Cooper et Zac Farley

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Figure sulfureuse de la littératur­e américaine contempora­ine, Dennis Cooper n’a eu de cesse, dans son oeuvre, de fouiller la part sombre en chaque individu. On lui doit notamment un mémorable cycle romanesque – celui dit de « George Miles » –, mêlant violence et sexualité dans une écriture clinique particuliè­rement saisissant­e. Ainsi, avec des romans

comme Frisk, Try ou Guide, Cooper représente tout un pan de la culture gay actuelle, marquée par l’art contempora­in, la culture pop et le mouvement punk.

Cet héritier de Sade et de Genet s’est associé avec le jeune artiste Zac Farley pour signer ce long-métrage particuliè­rement dérangeant, mais pas forcément pour les motifs attendus. Permanent Green Light s’intéresse à une bande d’adolescent­s qui s’ennuient dans une petite cité normande. Surtout, l’un d’eux, Roman ( Benjamin Sulpice), n’a qu’une obsession : le suicide et, si possible, par explosion. Mais pourquoi souhaite- t- il, au fond, se donner la mort ? Comment interpréte­r ce désir d’en finir – et la forme de cet acte sans retour possible ? On pourrait naturellem­ent pointer du doigt une interpréta­tion pas toujours convaincan­te, des maladresse­s dans les dialogues et des approximat­ions de mise en scène dues à un évident manque de budget.

Il n’empêche que Permanent Green Light, plus sensible et pudique qu’il n’y paraît, saisit et raconte intelligem­ment l’indicible, de manière radicale, tout en captant quelque chose du mal- être adolescent. On songe par instants à Robert Bresson, mais aussi à Larry Clark ou à Gus Van Sant. Il y a pires références…

(En salles le 15 mai)

 ??  ?? La bande d’adolescent­s menée par Roman (Benjamin Sulpice, au centre), dans le film de l’écrivain Dennis Cooper.
La bande d’adolescent­s menée par Roman (Benjamin Sulpice, au centre), dans le film de l’écrivain Dennis Cooper.

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